
Seconde carrière des Professeurs | Reconversion d’enseignante
Changer de métier quand on est prof ? La transition professionnelle d’Alice
Autrefois marginale, la question de la seconde carrière des professeurs trouve aujourd’hui un écho grandissant auprès des enseignants qui ne se reconnaissent plus dans leur mission. Publié en 2024, le second baromètre du bien-être au travail dans le secteur de l’Éducation en témoigne. Avec une note de 4,8 sur 10, les personnels de l’Éducation nationale expriment une souffrance professionnelle bien ancrée.
C’est dans ce contexte que de nombreux professeurs choisissent de quitter la salle de classe. C’est le cas d’Alice, ancienne professeur d’anglais. Fatiguée par la rigidité du cadre scolaire, le poids des routines et le manque de reconnaissance, elle a pris la décision de quitter la fonction publique. Elle raconte comment, après plusieurs années d’enseignement, elle a entamé une seconde carrière, plus en phase avec ses valeurs.
Devenir enseignant : un premier chapitre avant la reconversion
Réorientation des professeurs : utiliser ses compétences pour mieux rebondir
« Au cours de ma carrière de professeur d’anglais, j’ai développé de nombreuses compétences encore utiles dans ma nouvelle profession. Mon expérience dans l’enseignement m’a notamment permis de :
- gérer efficacement des groupes d’adolescents, en conciliant les besoins individuels avec ceux du groupe, tout en instaurant un cadre sécurisant ;
- anticiper et planifier mon travail de manière rigoureuse ;
- collaborer sur des projets d’équipe et créer des partenariats ;
- gérer mes émotions en situations de crise ;
- m’organiser en équipe pour défendre mes droits au travail ;
- connaître et respecter mes limites physiques et morales ;
- décomposer un savoir, formuler des consignes claires et mener des recherches documentaires ;
- concevoir des jeux et des outils pédagogiques adaptés ;
- utiliser une variété d’outils numériques, notamment la mise en page de textes, les présentations PowerPoint, la retouche d’images ou le montage audio et vidéo.
Contrairement aux idées reçues, il est possible d’utiliser les compétences acquises en classe dans de nombreux métiers. Dans mon cas, loin d’avoir été mises de côté, l’ensemble de ces aptitudes continuent de nourrir ma nouvelle profession.»
Construire son évolution professionnelle après l’enseignement : des projets pédagogiques comme leviers de transition
« Dans presque chaque établissement où j’ai enseigné, j’ai monté des ateliers théâtre. Je les construisais en partenariat avec des Centres Dramatiques locaux ou nationaux.
Ces ateliers me tenaient particulièrement à cœur. Pour moi, le théâtre offre aux adolescents un vrai espace d’expression, souvent salvateur. Il permet d’aborder des sujets de société ou des thèmes plus intimes, mais avec la distance que donne la création artistique.
Couplées à un projet collectif de spectacle, ces séances constituent selon moi un outil essentiel pour aider les jeunes à :
- prendre confiance en eux ;
- développer leur citoyenneté ;
- exercer leur esprit critique ;
- assumer leur singularité.
Par ailleurs, les partenariats avec des structures culturelles extérieures me paraissent tout aussi essentiels. Ils offrent des clés vers l’autonomie et l’émancipation dans un environnement scolaire souvent perçu comme fermé. En effet, nombre de mes élèves qualifiaient leur collège de prison, tant ils ressentaient ce besoin d’ouverture. »
Seconde carrière des professeurs : quand l’enseignement ne suffit plus
Un nouvel avenir professionnel après l’Éducation nationale
« J’ai exercé en tant que professeur d’anglais de 2014 à 2023, principalement en collège. J’ai d’abord enseigné dans plusieurs établissements de l’académie de Créteil, avant de poursuivre dans des collèges de la Drôme, au sein de l’académie de Grenoble.
En 2018-2019, j’ai demandé une année de disponibilité afin de reprendre des études. Cette pause m’a permis de me former à la pédagogie du théâtre, une discipline qui me passionnait depuis de nombreuses années. J’ai ainsi obtenu une licence professionnelle dédiée à l'encadrement d’ateliers de pratique théâtrale.
Aujourd’hui, j’exerce plusieurs professions : comédienne, metteuse en scène ou encore animatrice d’ateliers théâtre.
Je continue à me former activement. Pour ce faire, je suis actuellement plusieurs cycles de formation en jeu théâtral, afin de me remettre en jambe. Ayant déjà été formée au sein d’une école de théâtre par le passé, je ressens aujourd’hui le besoin de consolider et de faire évoluer ma pratique artistique. »
Se reconvertir après l’enseignement : fuir un système trop rigide
« C’est essentiellement l’immobilisme et la rigidité du cadre pédagogique qui ont, peu à peu, nourri mon besoin de changer de voie. Au fil des années, je vivais de plus en plus difficilement certains aspects du métier :
- Enseigner les mêmes notions à plusieurs classes, semaine après semaine ;
- Avancer au rythme du calendrier scolaire, d’année en année ;
- Enchaîner les mêmes cycles de fatigue et de récupération.
Ces éléments ont pu parfois me faire peur : la peur de m’enliser et, au fond, de vieillir dans une routine qui ne me convenait plus.
En parallèle, la création théâtrale prenait une place grandissante dans ma vie. Elle me demandait du temps et de la souplesse. La rigidité du calendrier scolaire ne me permettait aucune marge d'ajustement.
J’ai donc pris la décision de quitter la fonction publique. J’ai choisi de démissionner plutôt que d’opter pour une nouvelle disponibilité. Je ne voulais pas garder un pied dans un système dont le fonctionnement me pesait de plus en plus. Les mutations, les inspections, les baisses de moyens me provoquaient un stress diffus, qui s’est sédimenté au fil des années.
Recevoir ma lettre de radiation des cadres a été un vrai soulagement. Je l’ai vécue comme une libération. »
Démission ou rupture conventionnelle ? (impossible de savoir si cette expérimentation qui s'est terminée en 2025 sera reconduite). Avant de faire un choix, l’association AIDE AUX PROFS vous informe sur les différences entre ces deux dispositifs et ce qu’elles impliquent pour votre avenir professionnel.
Quitter l’enseignement pour un nouveau métier : quelles options ?
Mobilité des professeurs : rester dans la fonction publique ou franchir le pas de la reconversion ?
« Si la mobilité interne représente une voie d’évolution possible, elle ne correspondait pas à mes envies dans le cadre d’une seconde carrière. En effet, la construction hiérarchique propre à l’Éducation nationale est l’une des raisons qui m’ont poussée à quitter ce métier.
Par ailleurs, ce qui m’a permis de tenir toutes ces années dans l’enseignement, c’est avant tout le lien avec les collégiens. Or, les rares perspectives d’évolution en restant en contact direct avec les élèves auraient été des postes d’Assistant d’Éducation (AED) ou d'Accompagnant d’Élèves en Situation de Handicap (AESH). Ces fonctions, bien qu’essentielles, sont encore moins reconnues et valorisées que celle de professeur.
Quant à la fonction de CPE (Conseiller Principal d’Éducation), je ne l’ai jamais envisagée. Le devoir de loyauté envers les chefs d'établissement est pour moi rédhibitoire. »
Rejoindre ou quitter l’Éducation nationale : ce qu’il faut savoir
« Si je devais donner un conseil à quelqu’un qui souhaite entrer dans le métier d’enseignant, je lui recommanderais de commencer par un poste de contractuel. Cette voie permet de découvrir concrètement le métier. C’est un moyen de vérifier que la profession correspond réellement à ses attentes, sans s’engager immédiatement sur le long terme. C’est aussi une façon de garder une certaine liberté : celle de choisir son poste en fonction de son lieu de vie ou encore de négocier plus facilement son volume horaire.
À l’inverse, si je devais conseiller une personne qui envisage de quitter l’Éducation nationale, je l’encouragerais à oser faire le grand saut. Mais je lui recommanderais aussi de bien préparer cette transition, en prenant le temps d’explorer toutes les portes de sortie possibles. Mieux vaut connaître les options existantes pour choisir celle qui sera la plus pertinente en fonction de son projet, de ses valeurs et de ses envies. »
Reconversion des enseignants : un nouveau départ professionnel
L’enseignement comme tremplin d’une seconde carrière de professeur
« Avoir été, dans un premier temps, professeur d’anglais a été un atout dans ma seconde carrière. En dix ans d’enseignement, on apprend à faire face à une grande variété de situations telles que :
- s’adapter à des rythmes variés ;
- gérer l’urgence ;
- encadrer et gérer des groupes ;
- prendre la parole en public.
Mais ce qui a sans doute été le plus difficile après avoir quitté la fonction publique, c’est de retrouver une certaine autonomie. Lorsqu’on évolue dans un cadre aussi paternaliste que celui de l’Éducation nationale, il peut être difficile de trouver de nouveaux repères. Il faut apprendre à créer ses propres routines, à trouver un autre rythme, et à identifier ses moments d’efficacité sans la pression du calendrier scolaire. »
Changer de voie avec AIDE AUX PROFS : un nouveau départ avec le bon accompagnement
« Dans le cadre de mon projet d’évolution professionnelle, j’ai fait appel à AIDE AUX PROFS. L’association m’a soutenue à la fois sur le plan juridique et administratif, mais aussi sur le plan psychologique.
Elle m’a permis de mettre des mots sur des pratiques managériales odieuses, souvent banalisées car devenues routinières.
Elle m’a aussi offert un cadre sécurisant pour envisager une sortie du métier, en proposant un accompagnement à la fois personnalisé et rigoureux dans ma démarche de reconversion. »
La question grandissante de la seconde carrière des professeurs est aujourd’hui le symptôme d’un système qui peine à retenir ses agents.
Comme Alice, nombreux sont les enseignants qui choisissent de quitter l’Éducation nationale pour s’orienter vers un métier plus en accord avec leurs aspirations personnelles. Son parcours témoigne de la richesse des compétences acquises dans l’enseignement et de leur transférabilité vers d’autres secteurs professionnels.
Cette reconversion est non seulement possible, mais réellement accessible à condition d’être bien préparée.
Parmi les dispositifs existants, le congé de formation professionnelle (CFP) constitue une opportunité pour amorcer cette transition. Il permet de développer de nouvelles compétences, de préparer un concours, de suivre un cursus universitaire ou encore de se former à un nouveau métier.
Ce dispositif vous intéresse ? L’association AIDE AUX PROFS vous accompagne pour comprendre comment en bénéficier.
Interview réalisée par C.K. SEO, Rédactrice web SEO pour AIDE AUX PROFS
Fiche Métier : Animateur(trice) d’atelier théâtre
Le métier :
Passionné(e) de théâtre et pédagogue dans l’âme, l’animateur(trice) d’ateliers théâtre s’appuie sur son expertise personnelle pour partager et transmettre ses connaissances théâtrales et son amour de la scène. Fort de son expérience en tant que comédien(ne) ou metteur(euse) en scène, il (elle) adapte son enseignement à différents publics. Son champ d'intervention s'étend des enfants jusqu'aux adultes souhaitant explorer ou perfectionner leur pratique théâtrale. Les ateliers qu’il (elle) propose, permettent d’aborder les techniques fondamentales du théâtre, de développer la créativité ou encore d’apprendre à maîtriser l’expression corporelle et vocale.
Les activités propres à ce métier :
Le quotidien de ce professionnel repose sur plusieurs missions essentielles :
● structurer et organiser les séances ;
● concevoir des exercices variés tels que le travail de la voix, du corps, l’improvisation ou encore l’interprétation ;
● faire découvrir la culture théâtrale et cinématographique ;
● enseigner le jeu théâtral et les techniques d’interprétation ;
● encadrer et organiser les répétitions ;
● adapter son approche pour répondre aux besoins de chaque comédien ;
● proposer des axes d’amélioration pour favoriser l’évolution artistique ;
● planifier les ateliers et gérer les inscriptions ;
● assurer la communication autour des activités proposées.
Les compétences requises
L'enseignement des arts du spectacle repose sur une combinaison de savoir-faire techniques, pédagogiques et relationnels. Parmi les compétences clés de cette profession, on retrouve :
● une connaissance approfondie des techniques théâtrales ;
● une culture solide du théâtre et du cinéma ;
● la capacité à transmettre son savoir avec pédagogie ;
● une adaptation constante aux différents âges et niveaux des participants ;
● la création d’activités originales et engageantes pour stimuler l’apprentissage ;
● une capacité à renouveler les exercices et les approches pédagogiques ;
● un sens de l’écoute et de l’empathie pour accompagner chaque participant selon ses besoins ;
● une faculté d’analyse et de retour constructif sur le travail des comédiens.
Les lieux d'exercice
L’animateur ou animatrice d’ateliers théâtre peut exercer son activité dans divers environnements. Parmi les structures où il intervient, on retrouve :
● les établissements scolaires dans le cadre de projets éducatifs ou d’activités périscolaires ;
● les écoles de théâtre pour initier ou perfectionner les élèves aux techniques du jeu scénique ;
● les tiers-lieux culturels ;
● les associations utilisant le théâtre comme outil d’expression ou de développement personnel ;
● les institutions sociales et médicales telles que les hôpitaux, les maisons de retraite ou les prisons ; ● les entreprises aux fins de formations en communication ou prise de parole en public.
Formations à réaliser
Devenir animateur ou animatrice d’ateliers théâtre requiert, en principe, une solide expérience en tant que comédien ou metteur en scène. Il est possible d’accéder à cette profession par le biais d’une formation spécifique comme celle proposée par l'université Sorbonne nouvelle. Cette faculté propose une Licence professionnelle Encadrement d’ateliers de pratique théâtrale. Elle a pour finalité la formation d'intervenants artistiques en milieu scolaire, associatif, théâtral ou sur le terrain social. Pour ceux disposant déjà d’une expérience en tant que comédien ou metteur en scène, il est possible d’intégrer des formations complémentaires. Le Studio Théâtre Alain de Bock et Katherine Gabelle à Paris, propose un programme de ce type, alliant théorie et pratique. Le volet théorique concerne l’analyse de textes théâtraux, la connaissance de l’histoire du théâtre et des grands courants artistiques. Le volet pratique quant à lui, se concentre sur la mise en situation sur scène et l’application pédagogique. L’admission se fait sur dossier, suivie d’un entretien ou d’une audition. La formation quant à elle dure un an et se conclut par un examen final. Enfin, pour les personnes ayant moins d’expérience, la compagnie Maya propose une formation dédiée à l’animation d’ateliers théâtre pour enfants, accessible même aux intervenants débutants dans le domaine théâtral.
Sites web utiles :
La profession que vous venez de découvrir consiste à proposer des exercices créatifs pour développer l’expression personnelle des participants. Ces ateliers peuvent également explorer les dimensions rythmiques de la mise en scène. Un exemple concret de ce type d'approche est présenté par le théâtre - Les enfants du paradis Valbonne. Pour les ateliers destinés aux enfants, International Visual Theatre propose une restitution d’extraits d’activités théâtrales à destination des enfants, très intéressante à visionner pour découvrir un peu plus les activités propres à ce métier.
Fiche réalisée par C.K. SEO, Rédactrice web SEO pour AIDE AUX PROFS
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