
Après prof : Alain, de professeur des écoles à charpentier.
Alain a été pendant plusieurs années un professeur dévoué à ses élèves et désireux de leur offrir la meilleure pédagogie possible. Mais on lui a mis tant de bâtons dans les roues que, dégoûté, il a décidé de quitter à la fois l'Education Nationale et la France. Voici son parcours de reconversion plutôt atypique et passionnant.
Quel a été votre parcours professionnel de la fin de vos études jusqu’à votre reconversion actuelle ?
Je tiens à préciser tout d'abord que mes études se sont déroulées en plusieurs temps. Après un essai en Maths Sup, je suis allé étudier les maths à l'université. La naissance de mon fils en 1991 m'a poussé à trouver un travail rapidement. D'abord surveillant, je suis devenu éducateur puis éducateur scolaire. J'ai donc débuté ma carrière d'enseignant avec le public le plus difficile.
En 2004, j'ai pu passer le concours CRPE en interne (à l'époque, la voie 3). Dès l'année d'IUFM, j'ai compris qu'il fallait rentrer dans le moule et, vous me pardonnerez l'expression, faire le lèche-bottes sous peine de « désagréments ». N'étant doué ni pour l'un ni pour l'autre, ma carrière ne fut pas un longue fleuve tranquille. Je fus nommé en Eure-et-Loir où, coïncidence étrange, la conseillère pédagogique prenait en charge les NT1 masculins et son collègue, les filles...Vous l'aurez compris, si on couchait, on avait une très bonne évaluation et l'assurance que la première inspection se passerait bien. Je n'ai pas fait ce choix. Revenu en Indre et Loire, j'ai œuvré dans les petites communes avec des niveaux multiples (tout un cycle le plus souvent) en élémentaire, pour moitié en cycle 2 et 3.
Très rapidement, j'ai compris « qu'il y avait quelque chose de pourri au royaume de l'EN » et que tout le discours officiel était hors-sol. Je suis donc parti d'une pédagogie de projets les premières années afin d'apporter du sens au contenu pédagogique. En 2013, j'ai découvert Montessori et le projet de Céline ALVAFREZ. Ce fut la révélation, j'ai totalement revu ma façon de faire, d'autant que j'avais des cycles 2 et que j'étais effaré devant leurs lacunes mais surtout, devant les ravages des écrans.
Parallèlement, j'ai entièrement rénové ma maison et repris des études en histoire à distance à l'université de Nanterre (j'ai obtenu un Master 2 en histoire médiévale avec mention en 2020).
En 2017, j'ai suivi une formation Montessori (avec Sylvie D'ESCLAIBE) et j'ai monté un gros projet que je détaillerai plus bas avec la commune.
2019/2020, la crise du COVID m'a fait prendre conscience qu'il fallait absolument partir. Ayant un ami Compagnon et après mûres réflexions, j'ai intégré le centre des formations des Compagnons à Tours pour devenir apprenti charpentier au sein de l'entreprise DELAUNAY. Ce fut une année difficile et exigeante. J'avais choisi l'excellence sans réellement en connaître le prix mais je suis heureux d'avoir réussi ce challenge (à 54 ans !). J'ai obtenu mon CAP à la fin de l'année (je n'ai passé que les épreuves pratiques, bien entendu).
Pour l'anecdote, j'ai terminé mon contrat un vendredi à 16h30. Arrivés à la maison, nous avons chargé le camion, direction la Suède dès le samedi matin (c'est vous dire notre motivation à quitter la France). Après 3 jours de voyage, notre nouvelle vie dans notre nouvelle patrie commençait.
Je passerai sur les difficultés liées à n'importe quelle expatriation (langue, travail, logement...) mais j'ai fini par créer mon auto-entreprise de charpente rénovation, Wood Concept Dalarna que vous trouverez facilement sur Facebook ou LinkedIn.
Mon activité commence à se développer, pas facile lorsque l'on est étranger mais j'ai rencontré les bonnes personnes. Et vous savez quoi...je rénove ma maison...lol !
Quels projets pédagogiques aviez-vous pu mener et dont vous êtes le plus fier ?
En premier lieu, je suis fier d'avoir pu proposer à des centaines d'élèves, un autre lieu d'apprentissage sans note, sans évaluation, sans moquerie où il était permis d'être soi et d'apprendre à son rythme. J'oubliais : j'ai toujours travaillé en étroite collaboration avec les parents (rarement avec mes collègues) autorisant les premiers à venir passer du temps dans la classe au grand dam des seconds. Le projet qui restera ce que j'ai fait de mieux est celui mené en 2017 avec une commune en Touraine. Comme beaucoup, celle-ci souffrait du manque d'élèves et vivait avec cette épée de Damoclès d'une fermeture de classe.
Via le site de Céline ALVAREZ, j'avais eu vent d'une commune, dans le sud qui avait eu l'idée de payer la formation Montessori aux enseignants et de transformer l'école du village en école publique Montessori. La demande des parents d'une école de qualité est telle que, très rapidement, l'école dut ouvrir une classe supplémentaire. C'est ce que j'ai proposé au maire qui a immédiatement dit banco. Toute la commune s'est retrouvée autour de ce projet. Le collègue de maternelle et moi-même avons suivi la formation Montessori (payée par la commune). Le matériel fut acheté par l'APE. Mais notre histoire ne connut pas le même destin puisque l'inspectrice de la circonscription (créature stupide, malfaisante, médiocre et carriériste comme l'EN sait en produire) a tout fait pour saboter le projet, allant même jusqu'à faire du chantage avec la mairie quant à son accord pour l'accueil des TPS.
Le collègue s'est complètement « dégonflé », refusant d'indiquer aux parents qu'il s'agissait de la pédagogie Montessori. Quant à moi, je fus immédiatement inspecté, je vous laisse imaginer le contenu du rapport. A la remarque de cette « délicieuse » inspectrice : « Pourquoi n'allez-vous pas travailler dans une école Montessori ? », j'ai répondu que même les enfants de pauvres avaient droit à une éducation de qualité.
Néanmoins, les parents et la commune m'ont gardé leur confiance et nous avons continué pendant 5 ans durant lesquels, les enfants se sont véritablement épanouis avec des résultats impressionnants. Un nouveau collègue arrivé sur le cycle 3 (bien évidemment briefé par l'inspectrice), après quelques semaines de méfiance, s'est rendu à l'évidence et nous avons pu encore ajouter au confort des élèves. J'avais tout le cycle 2 et nous avons mis en place un passage entre les deux tout en douceur. Ainsi, tout élève de CE1 particulièrement à l'aise dans une matière pouvait aller la suivre dans le cours suivant puis revenir dans la classe. A contrario, chaque élève du CE2 (voire du CM1) pouvait revenir sur une notion mal comprise dans ma classe le temps nécessaire. Nous avions aménagé un sas entre les deux classes avec tout le matériel DDM ainsi utilisé par les deux classes. De même, la plupart des projets (et il y en eut !!) étaient conjoints.
J'ai vraiment quitté cette commune à regret. J'ai gardé le contact avec certains parents et j'ai des nouvelles de temps en temps.
Quelles compétences avez-vous développées durant tout votre parcours de carrière, utiles dans votre reconversion de professeur ?
Si je dis, la survie en milieu hostile, ça compte ?
Les compétences que j'utilise actuellement sont celles apprises dans ma vie, en particulier l'opiniâtreté. A force d'être infantilisés, la plupart des enseignants sont devenus des ados et seraient bien incapables de faire face dans la vraie vie. La seule compétence développée durant cette période qui m'est encore utile est de ne jamais faire confiance et d'avoir toujours une porte de sortie ou un plan B. En revanche, avec les Compagnons, j'ai appris le goût du travail bien fait et la rigueur qui me permettent de me démarquer de mes concurrents ici.
Aviez-vous songé à devenir chef d’établissement ou inspecteur ?
Jamais de la vie ! J'ai vu trop de veulerie, de bassesse, de perversion, de mensonges et d'incompétence (et la liste pourrait être très longue) de la part de la hiérarchie. Avec tout ce que j'ai vu, je pourrais écrire le livre noir de l'EN. Le seul résultat, à défaut de me faire entrer dans le moule, fut de m'en faire concevoir un profond dégoût. Encore plus maintenant, plutôt mourir que d'être un laquais de la macronie.
Quelles raisons vous ont conduit à quitter l'enseignement ?
La raison principale fut la perte de sens de mon travail. Dès le début, les mesquineries, l'injustice et le mépris de la hiérarchie, l'inutilité des réformes m'ont sauté aux yeux mais, dans ma naïveté, je pensais qu'avec le temps, en me contentant de montrer l'exemple, les choses changeraient. Et puis la satisfaction d'être utile et de « sauver » quelques dizaines d'enfants chaque année me suffisait.
Le COVID fut un révélateur, j'ai pris conscience de plusieurs choses très importantes. Tout d'abord que la société française dans son ensemble était prête à la dictature, elle a très rapidement retrouvé ses bonnes vieilles habitudes vichystes. Ensuite, j'ai réalisé à quel point l'Education Nationale maltraitait les enfants (les adultes également mais, à mon sens, ceux-ci sont plus à même de se défendre).
J'ai également compris que je ne parviendrai jamais à changer quoi que ce soit. Dès lors, il était inconcevable de continuer à être complice de cette maltraitance. De plus, il était devenu impossible de rester en France de par l'ambiance nauséabonde (racisme, fascisme, va-t-en guerre...) qui y régnait. Les deux dernières années ont montré à quel point j'ai eu raison.
Que pensez-vous de l’association Aide aux Profs pour aider tout professeur à quitter l’Education Nationale ?
Je pense que cette association est très importante même si j'ai géré mon projet seul. J'ai découvert AIDE AUX PROFS très récemment. Étant classé mouton noir (j'ai eu l'occasion de voir mon dossier professionnel, la couverture est barrée de rouge), je n'ai eu aucune difficulté à obtenir ma disponibilité. Maintenant, au regard du manque criant d'enseignants, aurai-je ma démission l'année prochaine... ?
Que conseilleriez-vous aujourd’hui à une personne qui souhaiterait devenir professeur ?
Surtout ne fais pas ça !!! Et je lui donnerais de multiples exemples des dysfonctionnements de l'institution et de situations vécues afin qu'elle ait une vision réelle de ce qui l'attend.
Que conseilleriez-vous à un collègue qui souhaiterait quitter l'enseignement ?
Fonce, donne toi les moyens de faire autre chose ou alors pars enseigner dans un autre pays. Trouve les bonnes informations auprès de personnes compétentes et du soutien de la part d'associations comme AIDE AUX PROFS. Surtout, ne reste pas seul(e) dans ce qui va être un combat.
Le métier de charpentier.
I/ Qu'est-ce qu'un charpentier ?
Un charpentier est un professionnel du BTP qui conçoit et pose des charpentes, des planchers, des terrasses et des ossatures pour diverses constructions. La spécialisation la plus courante est celle de la charpenterie en bois. Mais il y a également les charpentiers métalliques (pour les structures en acier) et les charpentiers de marine qui construisent et réparent les bateaux.
II/ Quelles sont les missions du charpentier ?
Après avoir étudié le plan de l'architecte, le charpentier dessine l'épure, c'est-à-dire le schéma en taille réelle de la pièce qu'il va devoir réaliser. Ce schéma se fait de plus en plus grâce à des logiciels de dessin en 3D.
Ensuite, il doit savoir choisir le bois qui convient et tailler la pièce à l'aide d'outils variés : scie mécanique, raboteuse, toupie verticale...
Le plus souvent, le charpentier travaille au sein d'une équipe. Il doit ensuite transporter la pièce et procéder au levage puis à la pose.
III/ Quelles sont les compétences à avoir ?
Le charpentier doit posséder de nombreuses compétences qui ne relèvent pas seulement du travail manuel. Avec le développement des outils technologiques, il doit :
- Avoir de solides connaissances en géométrie,
- Maîtriser les logiciels permettant la conception et la fabrication assistée par ordinateur (CFAO),
- Connaitre les propriétés des matériaux qu'il utilise,
- Travailler en équipe,
- Respecter les règles de sécurité,
- Avoir une bonne condition physique.
IV/ Quelles sont les conditions de travail ?
Bien sûr, c'est un métier manuel et physique et qui s'exerce le plus souvent à l'extérieur, donc exposé à la chaleur, au froid ou à la pluie. S'il faut travailler sur un toit, mieux vaut ne pas avoir le vertige !
Le port d'un équipement adapté et le respect des règles de sécurité est essentiel car le charpentier est amené à utiliser de nombreuses machines et outils. Il est aussi amené à travailler en équipe et en collaboration avec l'architecte et le client. Il est le plus souvent salarié d'une entreprise.
C'est un métier qui offre beaucoup d'opportunités car le secteur du BTP manque de main-d'oeuvre, notamment en charpenterie.
Le salaire varie selon l'expérience et la spécialisation. Un débutant commence généralement à 1554,00 € bruts mensuels puis le salaire peut augmenter jusqu'à 2100,00 € bruts mensuels.
En revanche, un charpentier peut se mettre à son compte avec le statut d'auto-entrepreneur et son chiffre d'affaire peut alors être plus élevé qu'il était salarié.
V/ Quelle formation suivre ?
Il existe diverses formations qui vont du CAP Charpenterie bois jusqu'à la Licence Pro mention « Métiers du bois. » En fonction de son diplôme et de son expérience, le charpentier peut évoluer vers d'autres responsabilités comme chef de chantier, acheteur bois ou conducteur de travaux.
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