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Martin VIDBERG : professeur des écoles par passion, réalisant un cumul puis une carrière d’illustrateur…


Martin VIDBERG : professeur des écoles par passion, réalisant un cumul puis une carrière d’illustrateur…

Interview de Rémi BOYER pour l’association AIDE AUX PROFS, publiée dans le mensuel n°120 de février 2011 sur le Café Pédagogique.

 

Quel a été votre parcours de carrière ?

 

« Après des études de Géographie jusqu’à la licence, j’ai préparé le concours de Professeur des Ecoles à l’IUFM et j’ai obtenu le CAPE en 2001 avant d’enseigner pendant 5 ans en brigade, c’est-à-dire dans tous les types d’établissements. Ensuite, j’ai été muté dans une petite école rurale où je suis resté 5 ans. »

 

Pourquoi être devenu enseignant ?

 

« Je l’avais envisagé dès l’école primaire. J’étais dans une classe unique, c’était génial, j’y avais de très bons souvenirs, et je n’avais pas envie d’en partir. Après, j’ai eu moins de plaisir à aller en collège et au lycée. Je suis resté sur l’idée d’aller enseigner à l’école primaire. »

 

Avez-vous réalisé quelques projets pédagogiques ?

 

« J’ai mené de petits projets, avec des méthodes d’enseignement particulières, quand j’étais en poste fixe, tandis que comme remplaçant, je participais simplement aux projets des autres. J’ai essayé de devenir Directeur d’école, mais comme je n’avais que 25 ans à l’époque lors du concours, on m’a dit que j’étais trop jeune, donc j’ai abandonné cette perspective, ça ne m’intéresse plus maintenant, car je me suis lancé dans la BD à la place, et j’y suis actuellement à 100% de mon temps, en disponibilité. Comme le boulot de directeur exige un investissement important, ce n’est plus pour moi. »

 

Quelles compétences pensez-vous avoir développé dans ce métier ?

 

« La faculté de mettre en place une ambiance de classe. J’ai toujours mis un point d’honneur à ce que chaque élève se sente bien, qu’il sente quelle est sa place à l’école. Les rapports avec les parents d’élèves ont toujours été positifs, car dès lors que leur enfant a du plaisir à aller à l’école, ils en éprouvent de la reconnaissance pour le travail que l’on fournit pour eux. »

 

Que vous a procuré ce métier d’enseignant ?

 

« J’ai retranscris cela en BD. Dans une année scolaire, il y a certes une multitude de moments difficiles, mais qui alternent avec de bons moments de victoires, de réussites. J’ai eu plus de mal à m’entendre avec mes différents collègues, bien que dans une école primaire, nous ne soyons jamais très nombreux. »

 

Avez-vous eu envie de devenir Inspecteur ?

 

« Non, j’ai fait le choix d’être enseignant, Inspecteur de l’Education Nationale (IEN), ça ne m’intéresse pas. »

 

Pourquoi êtes-vous en disponibilité actuellement ?

 

« Pour faire une pause, et me consacrer au dessin de presse, à la BD. On me demande souvent si le fait d’avoir arrêté d’enseigner a été pour moi une délivrance, mais non, ce n’est pas dans cet état d’esprit que j’ai pris une disponibilité. Le but c’est d’abord de m’offrir un peu de vacances, de lancer une BD avec un éditeur, d’aller au bout de plusieurs de mes projets en BD. »

 

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans la BD en parallèle de votre métier ?

 

« Quand on m’a refusé la possibilité de devenir Directeur d’école, j’ai eu envie de m’investir dans quelque chose, et comme j’aimais bien dessiner depuis mon enfance, alors je me suis perfectionné, et c’est devenu une activité à part entière. Actuellement, chacun peut aller lire une partie de mon travail sur mon site web (cité en fin d'interview). Ce blog a été une manière de faire connaître mon travail, mais aussi de favoriser les échanges, les rencontres, sans penser un instant à un plan de carrière précis, ni à un quelconque objectif professionnel. Je n’ai jamais eu l’idée, au départ, d’en faire un métier. »

 

Qu’exprimez-vous dans vos dessins ?

 

« Je réalise un travail autobiographique du métier de prof, mais je réalise aussi du dessin de presse pour garder le rythme. Pour travailler dans ce domaine, il faut être curieux de l’actualité, et avoir envie d’en parler, en la parodiant, en s’en moquant un peu. »

 

Combien de temps consacrez-vous à cette activité ?

 

« Je réalise un dessin par jour en moyenne, car c’est actuellement mon activité principale. Je me suis abonné à différents titres de presse pour alimenter mon inspiration, trouver le sujet de mes futurs dessins. En général je choisis un thème, je laisse « reposer », et les idées viennent ensuite d’elles-mêmes.

 

Depuis 2008, j’ai un contrat de droits d’auteurs avec le quotidien Le Monde et pour financer ma disponibilité, j’ai en fait économisé avec mon salaire de prof l’équivalent d’une année de travail. J’ai aussi travaillé dans le monde du privé via la BD. J’ai ainsi fait de la publicité en 2007, en réalisant des dessins pour Direct Assurance. J’ai alors eu l’occasion de travailler avec différentes équipes de métiers très variés, c’était enrichissant. Cette année, j’ai aussi fait des tee-shirts, et ça marche bien. Avec le dessin, on peut faire beaucoup de choses. J’ai aussi travaillé pour des magazines. Je travaille aussi pour créer des jeux de société, c’est un domaine qui m’amuse beaucoup. L’important dans cette activité, c’est qu’on s’y sent libre, créatif.»

 

Avez-vous des regrets du métier de prof ?

 

« Je trouve que les profs sont trop éloignés de leur hiérarchie. On a le sentiment d’être isolé vis-à-vis de l’administration et de ceux qui jugent. On a peu de retours de leur part de notre investissement, c’est parfois décourageant. Actuellement, mon idée est de prolonger ma disponibilité, car ce que je fais est valorisant, ça a marché tout de suite, je n’ai pas eu le temps de me poser l’idée d’en faire une carrière, et je me rends compte que j’ai une chance incroyable d’avoir le choix. Cependant, cela m’ennuierait de devoir renoncer à l’enseignement. »

 

SON SITE: L'ACTU EN PATATES

 

Encourager Martin VIDBERG sur Tipeee

 

La suite de son parcours est sur WIKIPEDIA !

 


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