
Après prof : Marjorie, ex-professeur devenue photographe.
Après 24 ans de professorat, Marjorie décide en 2022 de quitter L'Education Nationale et de se reconvertir dans une nouvelle activité passionnante : photographe ! Mais le chemin vers sa seconde carrière a été un parcours du combattant. Voici le témoignage de sa reconversion difficile mais réussie, soutenue par AIDE AUX PROFS dans l'obtention de sa rupture conventionnelle avec indemnité et Allocation de Retour à l'Emploi.
Quel a été votre parcours professionnel de la fin de vos études jusqu’à votre reconversion actuelle ?
- 1998 à 2016 : Professeur des écoles dont un an à la direction d’une école maternelle.
- 2016 à 2018 : Professeur certifiée de mathématiques au lycée Jean Moulin de Draguignan.
- 2018 à 2021 :Formatrice mathématiques à l’INSPE de Draguignan.
- 2021 CPF : Formation à distance « Photographie JC PIERI ».
- 2021à 2022 :Congé longue maladie.
- 28 novembre 2022 : Rupture conventionnelle.
- 2022 : Formation rédacteur web SEO avec Nicolas GATT.
https://www.lereacteurweb.com/
- 2023 Formation Bachelor professionnel photographie (ESMAC).
- Juillet 2023 création de mon autoentreprise Marjorie BLANC (photographie.)
Puis en 2024, j’ai suivi, grâce au FAFCEA, plusieurs formations en photographie :
- Formation photo « Peps tes photos de famille » d' Agnes COLOMBO.
- Formation photo ESTIM de Priscilla GISSOT et Clélia GUILBOT.
- Formation photo « Lumière des émotions » de Priscilla GISSOT.
- Formation ESTIM V2 de Priscilla GISSOT.
- Formation « Photos d’iris » d' Emmanuelle GRIMAUD.
- Formation « Photos d’identité » de Romain BEDON.
- Formation « Le portrait photographique » de Stéphane KAUSSMAN.
Je propose diverses prestations photographiques : évènements sportifs, mariages, grossesses, naissances, anniversaires…photos d’identité, photos d’iris, immobilier, entreprises et je m’axe actuellement sur la photographie thérapeutique, souhaitant suivre cette année des formations en photothérapie pour compléter mes prestations photo-thérapeutique et spécialiser mon offre.
Je vends aussi des photos de paysages que j’ai pu prendre lors de mes sorties dans la nature.
- https://marjorieblanc.fr/
- https://www.facebook.com/MarjorieBlancPhotographie
- https://www.instagram.com/marjorie_blanc_photographie/
- https://www.linkedin.com/in/marjorie-blanc-378974b6/
Quels projets pédagogiques avez-vous pu mener dont vous êtes fière ?
J’ai essentiellement travaillé par projets mais les trois dont je suis le plus fière sont l'organisation d’une classe de neige avec des CM1-CM2. J'ai eu beaucoup de travail en amont pour les papiers, l’organisation,pour mettre en place des actions avec les parents pour collecter de l’argent pour baisser le coût du séjour…mais une super expérience avec les élèves.
J'ai aussi mené des projets artistiques « théâtre-ombre-arts visuels » avec des PS, MS, GS en collaboration avec le théâtre de Draguignan et Richard FRECH, intervenant au Théâtre du Lézard, et de nombreux parents qui se sont énormément investis.
J'ajouterais aussi le projet « L'Enfant vedette »pendant plusieurs années dans mes classes de maternelle, ce qui a permis de créer une cohésion de classe et d’impliquer grandement les parents.
Quelles compétences avez-vous développées durant tout votre parcours de carrière ? Lesquelles vous ont accompagnée durant votre reconversion de professeur ?
Je pense que l’écoute, l’empathie, la compréhension et la tolérance sont des compétences que j’avais de nature mais que j’ai pu expérimenter et développer encore plus lors de mes années en tant qu’enseignante, tant avec les élèves, qu'avec les parents ou encore avec la communauté éducative.
Je possède aussi une bonne adaptabilité, une aptitude à communiquer devant un public, une capacité de travail accrue, la maîtrise de l’outil informatique (Word et Excel entre autres) et je sais aussi faire de la vulgarisation scientifique pour expliquer les choses plus simplement.
Toutes ces compétences me servent encore aujourd’hui dans mon nouveau métier, lors des séances ou pour la communication. Mon gros point faible étant, qu’en ayant été fonctionnaire jusqu’à il y a peu, je ne sais ni parler d’argent, ni me vendre, ni faire de la com ou du marketing. C’est la chose la plus difficile et la plus chronophage pour moi en tant qu’ autoentrepreneur.
Aviez-vous songé à devenir chef d’établissement ou inspecteur ? Indiquez pourquoi vous avez préféré quitter l'Education Nationale plutôt que de tenter une reconversion interne.
Non, jamais. J’avais depuis plusieurs années envie de quitter l’EN car j’étais de moins en moins en accord avec mes valeurs. J’ai essayé d’évoluer de PE à certifiée puis formatrice INPSE mais les confinements, le manque de reconnaissance de la hiérarchie m’ont définitivement convaincue que je n’étais plus à ma place et j’ai plongé dans un second burn-out.
Aviez-vous peur de vieillir dans ce métier ?
Oui, pour les raisons indiquées plus haut. Je supportais de moins en moins également la routine des horaires et des vacances toujours les mêmes, ce manque de liberté dans mon organisation me pesait. Surtout après les trois années à l’INSPE où mon planning était annualisé et où je l’organisais à ma guise. Bien qu’adorant enseigner, et après avoir passé le CAPES de Maths interne pour devenir formatrice INSPE(parce qu’il fallait avoir un CAPES), j’ai fait trois ans à l’INSPE, puis on m’a gentiment dit que maintenant ils préféraient des chercheurs, m’ont remplacée par une jeune chercheuse à peine diplômée qui n’avait jamais enseigné en primaire. Je ne me sentais pas le courage de passer un Master recherche puis un doctorat, surtout que le temps que je fasse tout ça, mon poste avait été donné à quelqu’un d’autre. On m’a réaffectée au lycée, or je n’avais pas passé le Capes pour être dans le secondaire mais formatrice, je n’aime pas l’enseignement dans le secondaire. Et revenir dans le primaire représentait pour moi un énorme échec et un retour en arrière impossible.
Mais surtout, je ne me sentais plus à ma place, la gestion des deux confinements par le gouvernement, le manque de respect, la privation des libertés, ce qu’il a été demandé aux élèves, aux enseignants et ATSEM était absolument inadmissible pour moi. Je ne voulais plus être un maillon de la chaîne, il fallait donc quitter le fonctionnariat.
Quelles raisons vous ont conduites à quitter l'enseignement ?
Toutes les raisons expliquées plus haut. A plusieurs reprises j’ai ressenti des injustices :
- D'abord, lors des inspections (pas assez fréquentes), même si le rapport était très bon, je récoltais juste un point, je n’ai pas avancé assez rapidement, au choix ou à l’ancienneté.
- Ensuite, lorsque la loi sur les retraites a changé, il me manquait 3 trimestres pour pouvoir demander à partir après 15 ans avec trois enfants ! Je n’avais pas assez d’argent pour les racheter. Pourtant, je n’ai jamais redoublé, je suis entrée à l’EN à moins de 22 ans. J’ai ressenti de la discrimination à l’âge je crois. De plus, personne ne m’a informée que la bourse que j’avais eue lors de ma première année d'IUFM comptait dans l’avancement, on me l’a dit plusieurs années après, si je l’avais su, il ne m’aurait manqué que moins d’un trimestre que j’aurais pu racheter mais trop tard, ce n’était pas rétroactif.
- Puis, lors de mon changement de corps : une note pédagogique et une note administrative m’ont été attribués arbitrairement sans inspection, ni entretien de carrière. Cette note était inférieure à celle de ma dernière inspection dans le primaire. Lorsque j’ai voulu contester la note auprès du rectorat, on m’a répondu « c’est pas parce que vous étiez une bonne enseignante que vous serez une bonne prof de math ! ». « Très bien, venez donc me voir en classe ! »
- Lors de la création des entretiens de carrière, j’étais devenue certifiée, mais on ne me l’a pas proposé et après, c’était trop tard, j’étais à un échelon trop élevé pour en avoir un, je n’ai donc encore pas pu avancer.
- Je n'ai pas apprécié non plus la revalorisation des salaires pour les jeunes entrants dans le métier, et pas pour les anciens !
- Pour finir, j ’avais fait une demande de renseignements pour une rupture conventionnelle avant d’entrer à l’INSPE, mais la circulaire d’application n’était pas encore parue. De plus, on m’a répondu que je ne l’aurais sûrement pas. J’ai demandé « Pourquoi ? ». On m’a répondu cette fois que « ce n’était plutôt pas réservé aux bons éléments ! ». J’ai senti une énorme injustice et une colère monter en moi. Pour la note pédagogique, je n’étais peut-être pas un bon professeur mais pour la rupture oui ! J’ai travaillé dur pour avoir mon CAPES, surtout que cette année-là, mon compagnon, le père de mes trois enfants m’a quittée du jour au lendemain après 18 ans de vie commune. J’ai travaillé dur toutes les années de lycée et à l’INSPE, avec chaque année, de nouveaux cours à préparer.
Pendant une année à l’INSPE, j’ai également passé un DU formation de formateur pour être plus compétente pour former les futurs PE. Je me suis régalée mes trois années à l’INSPE et n’ai plus fait de demande mais mon cerveau était en surcharge. Je ne voulais pas retourner enseigner au lycée, ma demande de mutation en collège n’a pas aboutie, je ne voulais pas retourner dans un emploi du temps EN. Lorsqu’on m’a annoncé que je devais retourner au lycée après l'INSPE, ça a été la goutte de trop, j’avais accumulé beaucoup trop, j’ai commencé à craquer : des crises d’angoisses et des insomnies, des envies de pleurer pour rien sont réapparues, des colères énormes… J’ai compris que j’allais faire un deuxième burn-out. J’ai été arrêtée et suivie pendant plus d’un an.
Avoir été enseignante a-t-il été un
atout ou un handicap dans votre projet de reconversion ?
Je pense que les compétences évoquées plus haut sont un atout : bon relationnel avec les clients, mise en confiance, empathie, écoute, adaptabilité…ce sont des choses primordiales pour détendre les personnes et assurer le bon déroulement de la séance.
La rupture conventionnelle, l’indemnité et les ARE perçues m’ont permis de démarrer mon activité sereine sans crainte de ne pas pouvoir payer mes factures.
Qu’avez-vous pensé de l’accompagnement de l’association AIDE AUX PROFS pour vous aider à quitter l’Education nationale ? Est-que l’Education nationale vous a laissée facilement repartir ?
Après des mois sans aucune réponse ni nouvelles, L’EN a refusé ma demande en avril. J’étais au bord du gouffre. Je n’avais pas envie de rester en arrêt indéfiniment, je n’aime pas l’inactivité et je me sentais inutile. Mais l’EN , en refusant de me laisser partir, me poussait à rester en arrêt. Je devais devenir un mauvais élément alors pour pouvoir partir ? Impossible de le faire avec les élèves, je les respecte trop pour cela. La maladie a été la solution. Mais je ne pouvais absolument pas reprendre. Ça m’était impossible. Je ne pouvais pas non plus demander une mise à disposition ni une démission. D’abord parce qu’il était hors de question pour moi, après plus de 20 ans de bons et loyaux services de partir une main devant, une main derrière et ensuite parce que financièrement, je ne pouvais pas.
Remi m’a énormément aidée. Je lui serai à jamais reconnaissante. Il m’a expliqué comment ça fonctionnait au niveau du rectorat et du ministère, il m’a dit à qui envoyer des courriers recommandés, il m’a épaulée et informée tout au long du processus. Et j'ai obtenu ma Rupture Conventionnelle.
Que conseilleriez-vous aujourd’hui à une personne qui souhaiterait devenir professeur ?
Je ne sais pas quoi répondre. D’instinct, je répondrais de fuir l’Éducation Nationale. Mais je sais ce qu’est le plaisir d’enseigner, je propose d’ailleurs des ateliers photos dans les écoles car ça me manque un peu. Alors je leur dirais qu’il faut être prêt à côtoyer l’injustice, le manque de respect et de reconnaissance de la hiérarchie, d’avoir un salaire modique par rapport aux nombre d’études, les changements de ministre et de politiques incessants en matière d’éducation, les parents mécontents...
Que conseilleriez-vous à un enseignant qui souhaiterait quitter l'enseignement ?
Je lui conseillerais de contacter AIDE AUX PROFS au plus vite pour être bien informé et accompagné. Chose que les syndicats n’ont pas su faire pour moi.
Il faut aussi avoir un projet de reconversion solide et bien préparé mais ça ne suffit pas à obtenir la rupture. Lors de mon entretien, la conseillère mobilité carrière m’a dit qu’elle n’avait pas vu d’aussi bon dossier, pourtant elle m’a été refusée une première fois. La même demande n’a été acceptée qu’après avoir fait des recours gracieux , sur les conseils de Rémi, auprès du rectorat, ministre, femme du président…et pour raisons de santé.
TOI AUSSI, COMME MARJORIE, TU VEUX QUE TON ENVIE DE RECONVERSION RIME AVEC PASSION ?
AIDE AUX PROFS t'aide à franchir les blocages de la bureaucratie


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Chaillou laurent (mardi, 03 juin 2025 16:57)
Bonjour, je viens de lire ce témoignage. Je me permets de vous recontacter pr les mêmes raisons que cette enseignante qui témoigne. Je suis en arrêt, en attente de validation de mon CLM...je suis perdu et ai peur après 20 ans d EN, à 58 ans, de rester...et de partir. Je vous ai déjà envoyé des mails via votre site internet et via FB cet hiver et n ai reçu aucune réponse de votre part. Peut être serai je plus chanceux cette fois ci. Bien à vous. Laurent Chaillou Certifié anglais Guyane
Aide aux Profs (mardi, 03 juin 2025 20:10)
Bonjour Laurent
Nous vous avons invité sur notre portail interne sur whaller fin décembre 2024, vous avez dû recevoir ce message, regardez dans vos spams de cette période. Avez-vous eu des difficultés à comprendre la plateforme ?
Cordialement
Blanc Marjorie (mercredi, 04 juin 2025 09:07)
Merci pour cet article. Et surtout merci encore pour votre accompagnement, votre aide et votre soutien. Marjorie
Aide aux Profs (mercredi, 04 juin 2025 21:44)
Bonsoir Marjorie,
Ce fut un plaisir de vous aider à réussir cette nouvelle étape !
Cordialement.