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Christophe JAEGLIN, professeur d'Allemand, publie "Novel Killer"


Christophe JAEGLIN a enseigné plusieurs langues dans divers pays comme l’Allemagne, la France et les USA. Il est passionné d’informatique, d’Histoire et d’histoires. Il a été pendant 10 ans rédacteur au Café Pédagogique, formateur académique langues et Nouvelles technologies. Il enseigne actuellement l’allemand. Dans une autre vie, au siècle dernier, il a étudié à la Christian Albrechts Universität zu Kiel, Allemagne, puis il a enseigné l'allemand en tant que “Assistant Instructor” à UT Austin, dans le “Department of Germanic Languages” de l'Université du Texas. Il est diplômé d'un DEA de l'Université de Strasbourg et d'un Master of Arts de UT AuStin.  « Novel Killer » est son premier roman.

 

Aide aux Profs a recueilli son témoignage pour vous faire bénéficier de son expérience et de ses conseils pratiques.

 

Vous êtes professeur d’allemand depuis 24 ans : qu’est-ce qui vous passionne dans ce métier que vous exercez en collège ? 

Même si je trouve que les conditions d’enseignement se sont largement compliquées ces derniers mois, la Covid nous a surtout privés de la plupart des sorties et voyages scolaires que nous avions l’habitude d’organiser pour nos élèves. C’est passionnant de faire découvrir une nouvelle culture, une nouvelle langue à des jeunes, de leur montrer que l’on peut vivre de façon différente, être différent, sans que cette différence ne soit forcément associée à des jugements de valeur. Découvrir qu’« autrement » ne veut pas dire forcément moins bien, est une plus-value importante pour nos  jeunes, leur permettant une véritable ouverture d’esprit. C’est d’autant plus important que nous avons, en tant que professeurs d’allemand, à nous battre régulièrement contre les préjugés relatifs à cette langue et à sa culture. 

 

Nos voyages à Berlin et nos séjours chez nos correspondants de Geislingen an der Steige ont été des temps forts, ainsi que les échanges virtuels menés avec ma collègue allemande Stéphanie Woessner, projets pour lesquels nous avons d’ailleurs obtenu plusieurs récompenses, un peu de reconnaissance, ne faisant pas de mal. Dans le projet ‘Un autre monde’ les élèves français et allemands ont notamment dû collaborer pour inventer des avatars se retrouvant sur un campus commun et interagir ensuite dans ce monde virtuel (s’inviter mutuellement et participer à un ‘dîner presque parfait’ virtuel, apprendre à résoudre de petites missions ensemble, utiliser des murs collaboratifs en temps réel, enregistrer des témoignages dans la langue cible, …). Ce sont là de très bons et très vivaces souvenirs qui, je l’espère, redeviendront bientôt notre quotidien. 

 

J’ai longtemps été actif dans la formation de formateurs, notamment en tant que formateur académique TICE, formateur d’enseignants pour l’OFAJ dans les projets d’échange Télé-Tandem, ainsi qu’à l’université, concernant le C2i : je pense que c’est dans la diversité de nos activités que nous arrivons à nous épanouir et à trouver de nouveaux objectifs, même si c’est souvent très épuisant. Ce sont là encore des rencontres, des projets et des échanges qui nous inspirent et nous (ap)portent énormément.

 

Au cours de vos études, vous avez travaillé comme enseignant instructeur au Texas aux Etats-Unis : que vous a procuré cette expérience professionnelle ? En quoi le système scolaire américain est-il différent de notre système pour les étudiants qui se préparent à l’enseignement ?

 

Aux USA, l’approche de l’enseignement est très pragmatique. Je me souviens qu’à peine débarqués à l’université d’Austin au début du mois d'août, les futurs ‘Assistant Instructors’ ont eu droit à une formation accélérée de 2 semaines. Quasiment tout le processus était filmé par nos pairs et nous devions analyser ensemble nos postures en tant qu’enseignants, nos façons de procéder, d’expliquer, et d'enseigner. Nous nous sommes très vite rendu compte que les façons de faire étaient très différentes de par le monde et c'était très instructif. Les modules communs étaient accompagnés par des formateurs d’enseignants aguerris et les modules disciplinaires par des professeurs d’université. Je me souviens très bien d’avoir progressé énormément, rien qu’en analysant avec mes pairs ma prestation en cours enregistrée en vidéo. Parfois c’étaient les pairs qui se comportaient en étudiants et notaient le « professeur » : il n’était pas aisé de se retrouver confronté au challenge d’enseigner l’allemand à des élèves ingénieurs ou à des futurs enseignant(e)s en médecine, et vice-versa. Mais le défi était stimulant et nous a fait progresser rapidement. 

 

Le stage comportait des modules assez variés : l’évaluation aux USA, comprenant le « Curve bell grading » et autres spécificités des tests américains, notamment la prise de conscience qu’à la fin de chaque semestre les étudiants notent leurs professeurs et que ces notations sont publiques, alors qu’il est interdit de publier les résultats nominatifs des étudiants (tout affichage se fait par l’intermédiaire d’un numéro d’identité individuel de l’étudiant). D’autres modules sur le népotisme, la façon d’élaborer les notations et les corrections étaient également obligatoires. A ma connaissance, sur la vingtaine d’instructeurs d’assistants il n’y en a qu’un qui n’a pas été 'titularisé' après les 15 jours de formations, et qui a dû suivre un cours de rattrapage avant de pouvoir enseigner. 

Nous n’étions pas pour autant “lâchés dans la nature”, puisque nous entrions à ce moment dans la partie « formation disciplinaire » qui durait en général 1 semestre. Là aussi, je trouvais l’organisation du dispositif très pragmatique.

 

Avant de devenir « Assistant Instuctor » (AI), on passait le 1er semestre à co-animer des cours destinés aux étudiants de 1er semestre (débutants en allemand), qui avaient tous le même support d’apprentissage de l’allemand (manuel, TD, cours par ordinateurs). Il faut dire que chaque AI avait déjà passé les épreuves de sélection sur dossier : Dossier universitaire, lettre de motivation, CV et score au Graduate Record Examination. Au deuxième semestre, nous prenions ensuite en charge nos propres groupes d’étudiants de second semestre, puis au troisième trimestre, l’AI se retrouvait à former un futur AI (cf mon 1er semestre) , pour finir « en apothéose » : proposer son cours de quatrième semestre à des étudiants américains de grad-school qui pouvaient s’y inscrire sur la base du volontariat. En gros, l’équivalent du rôle d’un professeur d’université, avec une entière liberté des contenus. 

 

C’est à cet endroit qu’il faut souligner que l’AI n’est pas un « lecteur » qui dispense « uniquement » ses cours (le département de français à Austin fonctionnait sur ce modèle-là). Dans le « Department of Germanic Languages » les AI donnaient des cours aux « Undergrad Students » (qui sont inscrits à l’université pour obtenir leur Bachelor of Arts), et simultanément, ils suivent des cours dans leurs disciplines, dispensés par des professeurs d’université dans la « Grad school » pour leur permettre de décrocher un Masters of Arts. C’est ainsi que tout en faisant « mes premières armes » d’enseignant, j’ai également passé mon diplôme de Masters dans l’enseignement de l’allemand sur un réseau d’ordinateurs. Petite cerise sur le gâteau : après deux ans de vie américaine, je suis revenu formé et diplômé, ayant également pu me payer les frais d’études universitaires, bien moins chers quand vous êtes employé par l’université. Tous les frais universitaires sont automatiquement prélevés sur votre salaire d’AI : quand je disais pragmatique ...

 

Depuis une quinzaine d’années, vous vous êtes formé au numérique et avez créé plusieurs sites web à vocation pédagogique : qu’y proposez-vous ? 

 

Le numérique représente effectivement une autre de mes passions. Grâce au numérique, chacun(e) peut élargir ses horizons, être plus créatif et réaliser des projets originaux. Depuis toujours, j’ai éprouvé le besoin de partager mes découvertes, espérant ainsi aider mes collègues dans la découverte du numérique éducatif, tout en documentant mes propres avancées. Je suis beaucoup engagé dans la veille numérique, notamment en devenant rédacteur au sein du Café Pédagogique. J’ai également créé un nombre de sites personnels et de blog divers, notamment pour accompagner mes projets : citons « Allemand pour Enseignants », qui en son temps, a été une ressource utile aux collègues enseignant l’allemand.

 

J’utilise encore fréquemment des sites pour mettre des ressources à disposition de mes élèves, bien que la généralisation des ENT intégrant des outils comme Moodle, me simplifie la tâche. Je propose régulièrement des entraînements à mes élèves sur certains de mes blogs, comme par exemple celui-ci.

 

C’était également un vecteur de communication entre collègues, mais qui a aujourd’hui été supplanté par des groupes Facebook, comme par exemple celui des professeurs d’allemand intitulé « Mutualisons ! Professeurs d’allemand » qui compte près de 3.000 membres et dont je suis co-administrateur.

 

Cette année, vous vous êtes lancé dans une autre aventure : celle de l’autoédition d’un roman, « Novel Killer » : pouvez-vous nous en parler ?

 

Tout est parti d’un besoin d’écrire, d’une envie devenue peu à peu irrépressible d’écrire un roman. J’ai une préférence pour le thriller et j’ai participé à un atelier d’écriture qui m’a confirmé que j’étais sur la bonne voie. Puis je me suis lancé le défi de tout faire de A à Z. J’ai donc demandé à des collègues et amies de jouer aux bêta-lectrices, tout en me renseignant sur la façon d’auto-éditer un livre. J’ai passé pas mal de temps à m'approprier un certain nombre de techniques : comment créer un eBook, comment le diffuser tout en respectant les normes des maisons d’édition, comment créer une couverture de livre en utilisant là aussi des logiciels et des images libres de droits ; etc... Après 9 mois de découvertes, de travail et de sueur, le petit roman « Novel Killer » est né : le papa et l’enfant se portent bien, merci ! 

Pour ceux qui s’intéressent à la technique, j’ai « documenté » mon processus d’écriture par l’intermédiaire de mon site.

 

J’y explique comment j’ai utilisé des fonctions jusqu’alors insoupçonnées de mon traitement de texte LibreOfficeWriter, comme par exemple l’export au format eBook. J’ai également regardé pas mal de tutoriels sur le net concernant l’utilisation des logiciels libres comme « Calibre » pour gérer les eBooks, ou des logiciels en ligne comme « Canva » pour créer une couverture.  Ceci dit, les bons vieux éditeurs d’images « Gimp », accompagnés de  banques de données d’images comme « Pixabay » et « Unsplash » ont également prouvé leur utilité pour réaliser la couverture du roman. Il ne restait alors plus qu’à faire le choix des plateformes d’autoédition, tout en gardant la main sur mes droits d’auteurs. J’ai choisi d’éditer mon eBook sur Kobo-FNAC et Amazon. J’ai utilisé « QRMonkey » pour créer un QR code qui permet de scanner l’image et de se retrouver instantanément sur le site. Bonne lecture ! 

 

Pour l’instant je n’ai pas édité la version papier (qui est prête), car je participe à un concours du premier roman, dont le premier prix est la publication papier de votre roman par un éditeur. La condition sine qua non étant de ne pas encore avoir publié de roman papier. 

 

En voici le pitch : « Un tueur en série sévit sur le campus d’Austin, Texas. Simon, professeur de littérature allemande se retrouve au centre d’une sombre machination : il est accusé par le FBI d’être le serial killer. Même lui commence à douter de son innocence ! Criminel, enquêteur, justicier ? Dans cette enquête, les frontières ne sont pas toujours celles que l’on croit : le FBI cherchant un tueur en série dont certains diraient qu’il mérite une médaille. Simon Winch fera de belles rencontres, parcourant les USA pour les besoins de l'enquête, mais arrivera-t-il à remonter la piste de l'assassin pour prouver son innocence ? Et surtout ce professeur d'université a-t-il encore toutes ses facultés ? N'est-il pas extrêmement dangereux pour un fin lettré de s'improviser détective pour s'attaquer à un tueur sanguinaire ? De plus, ce tueur semble toujours avoir une longueur d'avance sur les meilleurs limiers du FBI. Simon a-t-il vraiment une chance de survivre, s'il le retrouve ? »

 

 Je suis actuellement en train de travailler sur une version « Audiobook », en enregistrant le roman chapitre par chapitre, puis en le retravaillant avec le logiciel « Audacity », tout en essayant de faire connaître mon roman sur les réseaux sociaux et d’avoir des retours de lecteurs. Encore un nouveau défi et une nouvelle aventure ! 

 

Pensez-vous vous engager dans une carrière d’écrivain pour peu à peu en faire un cumul d’activité à part entière ?

 

Être auteur est déjà une belle réussite pour moi et je n’en suis qu’au début de mon parcours d’écrivain. Ce n’est d’ailleurs pas le résultat qui compte, mais surtout le chemin parcouru ! Mais c’est une activité qui me convient et me permet de me ressourcer. C’est également un moyen de rentrer en contact avec d’autres auteurs, illustrateurs, lecteurs/lectrices, etc… Disons que c’est un bon début, mais que c’est de l’ordre du rêve de pouvoir en vivre. Ne devient pas J.K Rowling qui veut ! Les revenus générés par l'autoédition sont plutôt anecdotiques à mon niveau et ne me permettent pas d’envisager d’en faire une vraie carrière. C’est plus une façon de réaliser un rêve et de concrétiser une passion, ce qui est déjà beaucoup. “Time will tell”, l’avenir nous le dira ! 

 

Dans ma conception du roman policier, il ne s'agit pas que de soumettre des énigmes et de s'amuser à les résoudre. C'est bien sûr un des buts de la manoeuvre visant à se « divertir ». Mais j'espère avoir réussi à écrire un roman plus complet que cela. La suite va être difficile à formuler, sans que l'on me prenne pour un prétentieux impénitent.

 

Disons que j'avais pour ambition d'écrire un roman aux multiples facettes qui arrive à concilier énigmes, suspense, qui soit prenant, mais également “édifiant”, dans le sens de “erbaulich”. (déformation professionnelle en tant qu’enseignant ?)

 

Si j'avais à en définir le genre littéraire, je dirais presque par opposition à l'idée que l'on se fait d'un roman de gare, que j'ai écris un “roman policier pour intellectuels”. Plusieurs langues et cultures se mélangent forcément dans mon univers d'auteur alsacien qui a parcouru le monde. Et comprendre l'origine du langage est une forme de religion pour moi.

 

Comme tout auteur, j'espère réussir à intéresser mes lecteurs, à les tenir en haleine jusqu'au bout, à les pousser à demander le prochain tome, et à être reconnu comme auteur.  

 

NOVEL KILLER, de Christophe JAEGLIN

 

 



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