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COVID 19 et conditions de travail des professeurs


Nous avons attendu de lire suffisamment de messages (plusieurs centaines) des inquiétudes des professeurs sur les réseaux sociaux pour nous faire une opinion réaliste des conditions de travail des professeurs dans les écoles, collèges et lycées.

 

Tout parent a du mal à imaginer la réalité du terrain. Lorsque les écoliers, les collégiens, les lycéens montent les escaliers pour se rendre en classe, ça donne à peu près cela.

 

Nous avons demandé à notre illustrateur de symboliser les risques possibles de contamination par des coronavirus visibles, mais la réalité est beaucoup plus angoissante, puisqu'il est impossible aux agents d'un établissement scolaire de savoir qui est cas contact, qui a été positif avec ou sans symptômes parmi ses élèves ou ses collègues.

 

Malgré un protocole sanitaire renforcé, les espaces où l'inquiétude des professeurs est maximale sont les espaces collectifs de passage: escaliers, couloirs, cantine.

 

Il est possible de réduire considérablement le risque dans les escaliers en espaçant les montées des élèves par classe. Toute école, collège ou lycée devrait réfléchir à ce détail pratique: espacer de 2 minutes montre en main la montée de chacune des classes afin de limiter les bousculades dans les escaliers, éviter la forte densité de la montée de plusieurs classes en même temps, car dans ces conditions les gestes barrières ne peuvent être respectés.

Si chacune des classes montait à intervalle de 2 minutes, cela donnerait le temps suffisant à chaque professeur de faire rentrer sa classe et d'éviter ainsi les bousculades, la densité d'élèves dans un couloir, et l'incapacité alors de faire respecter les gestes barrières. Beaucoup de témoignages lus sur les réseaux sociaux comme les groupes Facebook signalent l'inquiétude des professeurs lors de ces intervalles de classe.

 

Même en limitant le déplacement des élèves en leur assignant toujours la même salle de classe, les montées dans les classes ne sont pas pour autant résolues. Il est nécessaire de privilégier une montée de chaque classe suffisamment espacée dans le temps par rapport aux autres. Et alors, les gestes barrières durant ces temps de mouvement de classes pourront être respectés.

Enseigner en classe avec la crainte d'attraper la Covid19 de ses élèves n'est pas simple.

 

Le professeur étouffe sous son masque à parler pendant toute une heure. Il doit privilégier les exercices écrits, et réduire sa pratique orale. Il ne peut plus proposer de débats avec les élèves lorsqu'il en avait l'occasion, car les élèves étouffent eux aussi sous leur masque et ne peuvent s'empêcher de le tripoter, c'est impossible en école, collège ou lycée de les en empêcher, et la précaution de se laver les mains au gel hydroalcoolique en début et en fin d'heure demeure illusoire quand au risque de contamination permanent entre élèves côte-à-côte ou avec ceux de devant ou de derrière, tellement les tables de classe sont serrées, à moins de 1 mètre les unes des autres dans une salle de classe normale.

 

Le professeur perd beaucoup de temps à rappeler à ses élèves de ne pas toucher leur masque, de bien le relever sur leur nez, de bien tousser dans leur coude, etc. Les conditions d'enseignement en sont sérieusement affectées selon les disciplines, les âges des élèves et leur comportement.

 

Assurément, cette période du Covid19 ne peut pas redonner de l'attractivité au métier de professeur, puisque beaucoup souffrent des conditions de travail qui leur sont imposées.

 

Notre association constate que la Rupture Conventionnelle avec Indemnité attire un nombre conséquent de professeurs en 2020 et le cru 2021 sera lui aussi important. Les académies sont débordées de demandes et en acceptent à peine 30%, en servant des indemnités au plancher de ce que les décrets de la loi Dussopt avaient initialement prévu. De jeunes profs avec moins de 6 ans d'ancienneté n'hésitent pas à réaliser leur départ avec moins de 3.000,00€, certains de pouvoir rebondir ailleurs en se finançant une formation pour aller travailler dans le privé ou en postulant directement, avec pour certains une possibilité d'obtenir une allocation de retour à l'emploi (ARE) auprès de Pôle Emploi.

 

La GRH de proximité est très sollicitée, c'est une hémorragie de démissions sous forme de Ruptures Conventionnelles, les statistiques de démission vont donc se réduire en trompe-l'oeil, et il sera donc intéressant de connaître fin 2021 ou en 2022 après ce quinquennat lorsque les députés le demanderont aux services DGRH :

- le nombre de demandes d'IRC reçues en 2020 et 2021 par les services RH académiques

- le nombre de demandes d'IRC acceptées en 2020 et 2021

- le montant des IRC financées en 2020 puis 2021 en fonction des critères d'appréciation définis par les décrets

 

Ceci pour plus de transparence sur l'application des décrets de la Loi Dussopt.


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