
Stéphanie VALMAGGIA-DESMAISON, professeur des écoles puis chargée de communication au SE-UNSA, a obtenu son CAP de Cuisine…
Interview de Rémi BOYER de l’association AIDE AUX PROFS, publiée dans le mensuel n°171 de mai 2016 sur le Café Pédagogique.
Quelles ont été les étapes de votre parcours de carrière ?
Je suis détentrice d'une double-maîtrise : communication et médiation culturelle, obtenue à la Sorbonne-Nouvelle en 1994. J'ai ensuite travaillé dans des agences de pubs, des cabinets de recrutement et des organismes culturels.
Lassée de la précarité des contrats et attirée par la pédagogie (ma mère est enseignante également), j'ai choisi de passer le CRPE dans l'académie de Bordeaux. J'ai été titularisée dans le département de la Dordogne à la rentrée 1998. J'ai d'abord enseigné en CLIS puis sur un poste de direction, en multi-niveaux dans un petit village.
J'ai rejoint le siège national du SE-Unsa à la rentrée 2002.
Pourquoi avoir choisi de s'engager dans un syndicat et pourquoi le Se-Unsa dans un paysage syndical si varié ?
Dès mon année de PE1 je me suis syndiquée au SE-Unsa. J'ai toujours été militante même à petite échelle que ce soit sur le plan associatif ou syndical. Le choix du SE-Unsa s'est imposé car j'ai connu le secrétaire départemental comme collègue ; nous avons beaucoup discuté, confronté nos points de vue et j'ai apprécié immédiatement sa manière de concevoir l'outil syndical. La rencontre avec d'autres militants, tant localement que nationalement dans les rassemblements à Paris m'a confortée dans mon choix. J'ai donc accepté, assez rapidement, de prendre un peu de décharge au niveau de ma section départementale pour m'occuper des jeunes enseignants puis pour siéger en CAPD. C'est pour ses valeurs et les combats qu'il mène, tournés vers la réussite de tous les élèves que j'ai voulu m'y engager davantage au SE-Unsa en acceptant une décharge complète à Paris.
Passionnée de cuisine et vous venez de réaliser un CAP : pour quel projet ?
Je souhaite me reconvertir à terme. Pour l'instant, deux pistes retiennent mon attention : cuisinier à domicile et coach culinaire. Les deux peuvent se combiner, reste à trouver la clientèle ! Je pense opter dans un premier temps pour le statut d'autoentrepreneur pour ne pas prendre trop de risques. Reste quand même à obtenir ce CAP, ce n'est pas encore fait (résultats le 7 juillet 2016) !
Avec le recul que pensez-vous de l'évolution du métier d'enseignant ces 20 dernières années ?
Je pense que le métier a évolué car la société a changé, nos élèves ne sont plus les mêmes et les enseignants non plus d'ailleurs. Personne ne vit en dehors de son temps et tant mieux !
Le métier s'est complexifié sans que l'institution n'y prenne garde, cette dernière étant parfois même à l'origine de cette situation. Je dirais que c'est tout ce qui est satellitaire au cœur du métier qui a pris une place importante. L'empiètement progressif mais bien réel de la vie pro sur la vie perso pèse inéluctablement sur l'état d'esprit des enseignants. Je suis convaincue, comme le SE-Unsa le porte d'ailleurs, que « dans prof il y a pro ». Reste à en convaincre tous les étages de l'Éducation nationale mais parfois les collègues eux-mêmes. La confiance des professionnels envers leur administration est essentielle pour qu'ils s'engagent pleinement dans leur mission : il y a encore du chemin à parcourir en la matière.
Que conseilleriez-vous à un étudiant qui envisage ce métier ?
De lire « Souffrir d'enseigner : faut-il rester ou partir » (lol). Cette boutade pour dire que chacun doit entrer dans ce métier avec le moins d'idées préconçues possibles. Que l'on ait déjà un pied (réel ou supposé) dans l'Éducation nationale à travers un vague souvenir d'écolier, son expérience de vie avec des parents enseignants, ou aucune connaissance de ce milieu, il faut faire face au réel.
Enseigner est un métier exigeant, prenant, qui nécessite des compétences professionnelles mais aussi un bagage théorique important.
Enseigner est un métier : la vocation et/ou le talent n'y ont que peu de place et surtout ils ne prémunissent d'aucune façon les difficultés d'exercice éventuels.
Que conseillez-vous à un enseignant qui a envie de changer de métier ?
Je pense qu'il faut interroger en premier ses motivations : veut-on partir car on en a « marre » ou a-t-on une vraie envie, un vrai projet d'autre chose ? En effet la réponse apportée ne peut être la même dans les deux cas.
Je conseillerais aussi à ce collègue d'en parler autour de lui : à sa famille, ses collègues, ses amis, son IEN ou son chef d'établissement… Bref ne pas rester isolé y compris dans ses premiers questionnements. Ensuite il ne faut pas tomber dans deux travers : « je ne sais rien faire d'autre qu'enseigner donc je ne peux pas me réorienter » ou au contraire « je vais passer un concours interne ou une liste d'aptitude ou tenter le détachement, j'aurai bien quelque chose ».
Une réorientation c'est un projet de vie qu'il faut construire et je dis bien « de vie » au sens large et pas uniquement de vie professionnelle. Cela peut engager complètement sa famille, son lieu d'habitation, ses finances, sa disponibilité, son rythme de vie… Il faut se documenter, ne pas partir à l'aveugle. Un organisme comme « AIDE AUX PROFS » est un outil pertinent car fait et animé par des collègues ayant vécu la même expérience ; c'est très sécurisant !
NDLR 2025: Depuis 2016, Stéphanie a finalement changé d'avis et est restée active en décharge au SE-UNSA comme Responsable du pôle éditorial et artistique de l'UNSA depuis mars 2020, et à partir de juin 2021 est devenue Responsable pédagogique de la formation communication au CEFU (Centre d'étude et de formation de l'union nationale des syndicats autonomes).
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