
Gaëlle MACERA, professeur de Français Langue Etrangère (F.L.E), s’est expatriée
Interview de Rémi BOYER de l’association AIDE AUX PROFS, publiée dans le mensuel n°171 de mai 2016 sur le Café Pédagogique.
Quel a été votre parcours de carrière depuis votre entrée dans l'enseignement ?
J'ai démarré ma carrière d'enseignante en 2000 en tant que professeur de FLE au Lycée Français de Pékin. Je me suis rendue en Chine afin d'y étudier le Chinois et y effectuer mon stage de fin d'étude FLE. Une opportunité de poste d'institutrice s'est présentée dès l'année suivante ; j'y ai enseigné 3 ans avant de me rendre à Milan afin de préparer à distance le concours interne de professeur des écoles.
En effet, obtenir ce concours me donnait davantage de liberté dans ma mobilité, que ce soit en France ou à l'international. Titulaire de l'Education Nationale en 2005, j'ai poursuivi mon parcours d'enseignante durant 4 ans dans le Val de Marne en ZEP.
En 2009, j'ai co-créé à Cassino, en Italie, le projet pédagogique d'un centre d'activités scolaires et extrascolaires allant de l'aide au devoir, l'accompagnement sur mesure, à différents ateliers à thématiques variées (philosophie, motricité, théâtre, danse, etc.). Une fois le centre Ma.Ga. centro aggregativo ouvert, je suis revenue à mon métier d'enseignante en 2011.
J'ai poursuivi ma carrière à l'International, d'abord à Rome, puis Florence, et enfin Casablanca, où je termine actuellement (en 2016) mon année scolaire.
Pourquoi avoir choisi d'enseigner à l'étranger et de changer aussi souvent de pays ?
Je suis née en France de parents migrants, mon père est italien et ma mère espagnole, née en Algérie. Depuis ma naissance, en raison de l'activité professionnelle de mes parents, j'ai vécu en expatriation sur 3 continents différents (Europe, Afrique, Asie). Pour moi, cela a été une expérience sensorielle très forte qui m'a construite dans mon identité multiculturelle. Voyager est devenu ma "normalité", je ne me sens appartenir à aucune terre en particulier.
Je déménage au gré des opportunités qui se présentent à moi, et j'ai beaucoup de plaisir à découvrir de nouveaux environnements. Enseignement et cultures sont très fortement liés, ma posture d'enseignante dans un contexte plurilingue me demande une curiosité et une flexibilité qui me passionnent.
J'ai eu la chance de pouvoir apprendre 6 langues (italien, anglais, espagnol, arabe, chinois, portugais) et aujourd'hui je parle couramment 4 d'entre elles. J'ai déjà utilisé ces compétences linguistiques dans le domaine de la traduction et de l'interprétariat, ainsi que dans des projets d'enseignement trilingues. Parler plusieurs langues est une porte d'accès à une multitude de ressources et d'informations et au-delà de l'aspect linguistique, une sorte de clé ou de passeport multiculturel. Les partenariats avec les différents acteurs du secteur éducatif m'ont permis également de développer un sens aigu du relationnel, avec l'acquisition de techniques telles que la discipline positive et la communication non violente.
Les différents ateliers que j'ai animés dans ce contexte m'ont procuré une aisance, une facilité à communiquer et à transmettre. Par ailleurs, accompagner le développement de l'enfant nous apprend à être à l'écoute, à cibler les besoins et concevoir une approche pédagogique adaptée. Quel que soit le contexte professionnel dans lequel on évolue, toutes ces compétences sont nécessaires dans l'élaboration et le pilotage d'un projet.
Enfin, je suis également photographe ; la spontanéité et la créativité que m'apporte ce parcours artistique enrichissent quotidiennement mon activité professionnelle.
Avez-vous envie de ré-enseigner en France ? Pourquoi ?
J'ai le sentiment d'être arrivée à un croisement de ma carrière, et je sens qu'il est temps pour moi de quitter la classe en tant qu'enseignante pour me réorienter professionnellement. J'aurais un grand plaisir à revenir en France d'autant que je vois qu'il existe de nombreuses passerelles de reconversion pour moi. Je trouve qu'il y existe un réseau et des ressources extrêmement intéressants. Aussi je suis convaincue de belles collaborations possibles.
Que conseilleriez-vous à un enseignant qui souhaite enseigner à l'étranger ?
Les postes d'expatriés (MAE) sont les plus rares et davantage localisés dans des pays à risque. Les conditions financières de ces postes sont très avantageuses mais les profils recherchés très ciblés. Obtenir un poste de résident reste la meilleure option, car à l'image des postes d'expatriés, ils permettent de conserver un statut de fonctionnaire. Ces postes sont néanmoins très demandés à l'étranger, que ce soit via l'AEFE ou la MLF, il y a donc une compétition non négligeable.
La dernière alternative concerne des postes de contrats locaux que l'on peut obtenir si on est en disponibilité ou non titulaire de l'EN. Ce que je conseille aux personnes motivées est d'obtenir une disponibilité et de partir une année en contrat local. Un poste de résident est quasiment assuré l'année suivante puisqu'un recruté local titulaire en poste est prioritaire en cas de recrutement.
Vous venez de quitter votre poste à Casablanca. Pour faire quoi maintenant ?
Comme je l'ai mentionné précédemment, je suis en pleine reconversion professionnelle. Je suis actuellement dans une démarche de bilan de compétences et je commence à définir de nouveaux chemins possibles. Ce qui est important pour moi est de continuer à m'épanouir professionnellement, avec un intérêt marqué pour le développement personnel et l'humain.
NDLR 2025: Depuis cette interview de 2016, Gaëlle MACERA a poursuivi son parcours passionnant de Professeur de FLE à l'étranger et est actuellement Directrice Pédagogique de l'Ecole Vivante à Casablanca au Maroc.
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