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Ursula PINEAU: de professeur des écoles à Psychopédagogue


Entre l'apparente facilité exprimée dans les décrets du 31.12.2019 sur la Rupture Conventionnelle avec Indemnité versée par l'Etat complétée par une Allocation de Retour à l'Emploi (ARE), que ne permet pas la simple démission, et la réalité de ce qu'il se passe au coeur des processus académiques partout en France, il y a un immense fossé qui ne cesse de se creuser. 

 

Tous les professeurs du 1er degré ou du 2nd degré qui ont tenté d'obtenir l'Indemnité de Rupture Conventionnelle (IRC) complété par une Allocation de Retour à l'Emploi (ARE) permises par les deux décrets du 31.12.2019 vont se retrouver dans ce témoignage d'Ursula PINEAU, ex-Professeur des Ecoles, qui aura mis plus d'une année à obtenir son IRC, face à une administration qui ne voulait pas la laisser partir, malgré sa santé, malgré ses difficultés, malgré son envie de s'épanouir autrement.

 

AIDE AUX PROFS l'a accompagnée à distance avec un conseiller-expert en mobilité, soutenant sa motivation, la conseillant dans sa ténacité à vouloir un jour réussir son projet personnel: devenir Psychopédagogue positive.

 

Lisez-la, ressentez avec elle ces différentes étapes: on ne sort pas si facilement que cela de l'Education nationale ! C'est nettement plus facile d'y entrer que d'en ressortir !

 

INTERVIEW D'AIDE AUX PROFS

 

Quel a été votre  parcours de carrière depuis la fin de tes études jusqu'à ce jour ?

 

Depuis ma titularisation en 1995, j’ai été professeur des écoles à Paris, tout d’abord, durant 5 ans, puis dans les Hauts-de-Seine jusqu’en décembre 2020, date à laquelle j’ai obtenu une rupture conventionnelle. Mon parcours a été tout à fait classique avec des classes de maternelles ou d’élémentaires, des classes à niveau unique ou double niveaux.

 

Pourquoi étiez-vous devenue enseignante ? Et qu'est-ce qui vous a incitée à en repartir ?

 

Devenir enseignante a toujours été mon objectif aussi loin que je m’en souvienne. Je n’avais pas de plan B, c’était mon seul choix. J’ai grandi chez mes grands-parents, réfugiés polonais, pour lesquels l’école, l’image du maitre étaient sacrées. Dans ma famille, l’école inspirait le plus grand respect, c’était le moyen de gravir l’échelle sociale. Pour moi aussi, « l’instituteur » représentait le savoir, l’autorité, le modèle à suivre. Sa fonction avait toutes les noblesses pour moi. Quoi de plus exaltant que d’instruire les jeunes enfants, que de leur permettre de s’épanouir, que de les accompagner sur le chemin de leur vie ?

 

Par conséquent, je me suis donné les moyens d’accéder au « Graal ». C’est avec une immense fierté que j’ai obtenu mon diplôme et la considération de ma famille.

 

J’ai exercé mon travail avec passion, ne comptant pas les heures, en étant toujours à la recherche de nouveaux projets, en étant soucieuse du bien-être, des progrès de mes élèves, comme la très grande majorité des enseignants.

 

Et puis, petit à petit, j’ai commencé à prendre conscience de la dégradation des conditions de travail mais surtout du mépris affiché à l’encontre des enseignants à tous les niveaux de la société. En comparant le travail effectué dans les écoles et le regard posé sur les enseignants, il y a de quoi être déçue, surtout lorsque vous réalisez le nombre d’heures accordé à votre travail au détriment de votre famille et de votre santé. Cette absence de reconnaissance a été le point de départ de ma volonté de quitter l’Éducation Nationale.

 

Entendre dire que les enseignants sont soit malades, soit en grève, soit en vacances, à longueur de temps, dans les familles, dans les médias, et y compris chez les politiques donne envie de mettre son énergie dans une activité différente, personnelle.

 

Quelles compétences pensez-vous avoir développées dans ce métier ?

 

Lorsque l’on est professeur des écoles, on devient un « couteau suisse » de l’Éducation Nationale. Il faut avant tout avoir le sens de l’adaptation pour faire face aux demandes institutionnelles fréquentes, contradictoires, voire absurdes, pour faire face aux aléas quotidiens dans une école (sortie reportée, annulation d’une animation, panne du matériel, absence d’un collègue impliquant un changement d’emploi du temps et 1001 autres raisons …), pour faire face aux différents profils de classes, d’élèves, de famille, de collègues…

 

Il faut être très organisé : une année scolaire se trace dans les grandes lignes, durant les mois de juillet et août et même en mai/juin pour les inscriptions dans divers projets. Il faut toujours s’avancer dans son travail pour pallier les imprévus et ne pas se laisser déborder par les différentes tâches. C’est pourquoi, au moins la moitié de mes vacances était consacrée à la préparation plus fine de la période suivante.

 

J’ai appris à travailler en équipe. Dans une école, il faut « jouer collectif » pour le bien de tous, élèves comme enseignants.

 

La polyvalence, la réactivité, le sang-froid, l’empathie, la créativité, la curiosité, le goût de l’innovation font partie de la panoplie du professeur des écoles, véritable slasheur : enseignant/parent/infirmier/psychologue/secrétaire/comptable/informaticien/animateur/agent de sécurité/diplomate/Atsem/femme de ménage…

 

Quels projets aviez-vous en tête pour partir et lequel avez-vous mis en oeuvre et comment ? 

 

À la suite d’un événement important, j’ai pris la décision de quitter l’Éducation Nationale car je ne me retrouvais plus dans ce travail qui était devenu totalement différent de celui que j’avais embrassé. Je recherchais depuis quelque temps de nouvelles manières d’aider les élèves en difficulté. J’ai découvert la psychopédagogie positive et l’idée de me consacrer à cette activité a germé pour devenir une évidence. Elle me permettrait de continuer à accompagner des élèves tout en respectant mes valeurs. Je me suis donc formée à La Fabrique à Bonheurs à Paris.

 

La première étape a été de chercher comment quitter l’Éducation Nationale. Je me suis tournée vers l’association Aide aux Profs car j’étais certaine que la tâche serait ardue. Rémi Boyer m’a mise en contact avec d’anciennes enseignantes qui avaient quitté le navire précédemment. Il m’a mise en garde contre les risques de quitter la sécurité de l’emploi, les obstacles que j’allais rencontrer… Comme il m’était devenu impossible de retourner en classe, j’ai lancé les démarches avec l’appui de l’association.

 

Tout a été fait dans les règles, en respectant les délais, etc… J’ai demandé une indemnité de départ volontaire, qui m’a été refusée malgré divers recours y compris au plus haut niveau, puis j’ai eu des soucis de santé.

 

En janvier 2020, il a été possible de demander une rupture conventionnelle. Je l’ai obtenue en décembre 2020 après de nombreux recours.

 

Sans le soutien de l’association, j’aurais baissé les bras et serais partie sans indemnité.

 

Quelle est votre activité aujourd'hui et comment en voyez-vous l’évolution ?

 

Aujourd’hui, je suis praticienne en psychopédagogie, depuis 3 mois. Mon activité démarre doucement. Le contexte actuel est compliqué. Toutefois, je suis toujours très enthousiaste et convaincue d’avoir fait le bon choix. Je suis certaine que le besoin existe bel et bien et que je pourrai bientôt vivre de mon travail. Je suis inscrite à Pôle Emploi et je reçois une allocation mensuelle, ce qui me permet d’être plus sereine.

 

Que conseilleriez-vous à un enseignant qui souhaite créer son activité en autoentrepreneur ?

 

Je conseillerais à un enseignant qui souhaiterait créer son activité de ne pas quitter l’Éducation Nationale sur un coup de tête, car c’est un vrai parcours du combattant et c’est très éprouvant, de bien réfléchir aux avantages et aux inconvénients et surtout de se faire accompagner. Il faut avoir un projet solide et les nerfs aussi d’ailleurs !

 

Mais quand je vois la sérénité que j’ai retrouvée, je ne pourrai que lui suggérer d’écouter son cœur.

 

AIDE AUX PROFS a réalisé un partenariat avec LA FABRIQUE A BONHEURS

 

L'Indemnité pour Rupture Conventionnelle sur l'année 2020

 

Ce que disent les décrets sur l'IRC

 

Etre accompagné(e) vers votre IRC

 

 


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