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Laetitia DUPONT, du burn-out à la résilience par l'écriture


AIDE AUX PROFS a interviewé Laetitia DUPONT, Professeur des Ecoles, qui après l'épreuve personnelle d'un burn-out, a pu se reconstruire au travers de l'écriture, véritable travail de résilience qui lui a permis de retrouver confiance et estime de soi, et de croire en de nouvelles perspectives...

 

 

 

 

 

Vous avez été professeur des écoles pendant 18 ans. Pourquoi aviez-vous choisi cette orientation au sortir de vos études ?

 

J’ai toujours voulu devenir enseignante. Petite fille, à la question : « Que feras-tu plus tard ? », je répondais invariablement : « maitresse ». Je n’ai jamais envisagé un autre métier et ai poursuivi mes études en ce sens.

 

Que s’est-il passé durant ces 2 décennies ? 

 

Partager mon amour des sciences, travailler par projet, montrer le sens des choses que nous apprenons à l’école, développer le goût de la lecture et de la production d’écrits, créer, imaginer, inculquer la communication non violente… sont autant d’éléments que j’aimais. Je m’émerveillais de voir les yeux des enfants pétiller quand ils avaient enfin trouvé.

Avoir la liberté d’organiser mes journées, vivre des semaines qui ne se ressemblent pas étaient aussi des points d’ancrage importants.

 

Vous avez fait un burn-out : à quel moment ce processus d’épuisement s’est-il enclenché, et quelles en ont été les étapes selon vous ? 

 

L’une de mes premières difficultés a été le changement d’affection chaque année. Vous vous habituez à une école, une équipe puis l’année suivante, il faut partir, redémarrer, changer de niveau, se plonger dans de nouveaux programmes, acquérir de nouvelles connaissances. 

Lors de ma seconde nomination, j’ai même eu la surprise d’être nommée dans un institut de rééducation, doublée du chapeau de directrice, le tout à quatre-vingts kilomètres de mon domicile.

 

Il m’a fallu attendre sept ans avant d’avoir une affection définitive. J’ai souvent changé de niveaux et ait eu des classes multiples. Puis le changement de rythmes scolaires a fragilisé mon équilibre. J’ai commencé à m’essouffler, d’autant plus que je travaillais en REP+, avait à l’époque deux enfants en bas-âge et ma demande de travail à 80% a essuyé un refus.

 

Le burnout est multifactoriel. J’étais très impliquée dans mon métier, j’avais à cœur de me former pour répondre au mieux aux besoins de chaque élève. Apprendre à adapter face à la dyslexie, la dyscalculie, les troubles de l’attention… pour ne citer que les plus connus, être en veille pédagogique, concevoir des fiches différenciées, élaborer des projets, remplir des fiches administratives (GEVASCO, PPRE, PAP) est chronophage, et je ne cite même pas la préparation de classe, ni les temps de corrections, les rendez-vous famille, les changements de programme récurrents… 

 

Mon entrée en formation CAPPEI a été le catalyseur de l’épuisement. J’ai rencontré pression, injonction, rythme infernal, temps de tutorat réduit, RASED incomplet sur mon secteur comprenant quatre-vingts classes pour un demi-poste maitre E, une enseignante G en formation et une psychologue scolaire sortant de formation. C’est au cours de cette année que les pertes de mémoire, les insomnies, les troubles compulsifs alimentaires et même les idées noires sont apparues jusqu’à ce que mon corps s’écroule totalement.

 

Comment vous êtes-vous sortie de cette ornière ? L’administration de l’Education nationale vous a-t-elle aidée ? 

 

Le diagnostic est tombé en février 2018 à la suite d’une visite médicale avec le médecin de prévention de l’académie.

Six mois plus tard, lors de la commission sur la reconnaissance de maladie professionnelle, je me suis entendu dire : « Oui madame, vos conditions de travail étaient intenables mais vous n’aviez qu’à dire non. La maladie professionnelle ne peut être reconnue car vous en êtes responsable à 50%. »

 

J’ai rencontré des personnes à l’écoute au sein des ressources humaines et auprès de l’assistance sociale mais leur pouvoir est très limité et les propositions peu nombreuses. J’ai demandé à deux reprises un PACD, accepté par la commission médicale, avant d’être refusé par l’administration faute de poste à pourvoir. 

 

Pendant mon arrêt maladie, j’ai écrit tout ce qui m’arrivait pour ne pas oublier. Au départ, ces pages intimes n’avaient pas vocation à être édités. À cette époque, je ressentais une grande culpabilité. Je n’osais même pas sortir de chez moi pendant les heures d’école. 

Déposer des mots m’a libéré de maux puis par le biais de rencontres, « Sous une douce apparence » est née. Aujourd’hui, je suis heureuse d’avoir partagé ma réalité d’enseignante épuisée car je reçois des témoignages de collègues en souffrance qui se sentent compris en me lisant.

 

Vous avez écrit d’autres ouvrages : quels autres types de thèmes y avez-vous abordé? 

 

Mes ouvrages sont très hétéroclites puisque je me laisse guider par mon intuition. 

Ton instant magique est un carnet collaboratif. À travers des citations inspirantes, des défis, des espaces d'introspection... je propose de prendre un temps pour soi. 

Libère ta créativité conçu pour petits et grands propose près de deux cent pages d’activités en lien avec les intelligences multiples.

Le petit dernier dans la collection développement personnel est un oracle : les messages de l’univers.

 

Vous venez de publier un nouvel ouvrage, pouvez-vous nous en parler ? 

 

La société en général m’inspire. Classé dans les catégories contemporaine et drame, « Quand la vie s’impose » traite de thèmes actuels comme les violences conjugales, les familles recomposées, le rôle de mère. Je distille à travers mes livres des messages de bienveillance à porter envers soi-même. Pour l’instant, j’ai la chance de rencontrer des échos positifs. 

On peut le trouver sur le site de l’éditeur et dans toutes les librairies.

 

Récemment, vous avez créé votre activité de praticienne de massages de bien-être : avez-vous démissionné ou est-ce un cumul d’activité ? 

 

Le projet est en cours d’élaboration et a été retardé par la situation sanitaire. Il est né à la suite d’un parcours Orientation réalisé l’an passé avec une association. Il a d’ailleurs fait écho au bilan de carrière réalisé en 2016 auprès du service Ressources humaines de mon académie. 

 

Pour l’instant je continue à me former pendant les vacances scolaires puisque les stages prévus en 2020 ont été repoussés. Cette nouvelle activité deviendra effective dans quelques mois soit par une demande de disponibilité, soit par l’obtention d’une rupture conventionnelle.

 

Laetitia DUPONT a écrit d'autres ouvrages, découvrez :

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- son instagram

 

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