· 

De professeur d'Histoire-Géographie à la Couture...


Il n'est pas facile de démissionner lorsque l'on est fonctionnaire ! Cette ex-professeur en est la preuve, ce fut pour elle un véritable parcours du combattant, une preuve vivante que la GRH de proximité est juste un slogan-vitrine pour l'instant.

 

Gwenn, 37 ans - professeur d’histoire-géographie devenue créatrice d'Entreprise individuelle -

14 ans d’ancienneté, en disponibilité puis démissionnaire

 

E
N
S
E
I
G
N
A
N
T

 

 

Motivations

 

 

 

Je suis issue d’une famille de fonctionnaires, mes 2 parents ont été enseignants. J’ai agi par tradition familiale, en passant les concours facilement, sans réfléchir. J’ai obtenu le Capes et l’agrégation de Géographie la même année.

 

Fonctions

 

 

 

 

Je suis devenue professeur de géographie à l’Université avec un poste de Professeur Agrégé (PRAG) après mon année de stage. J’avais 15h de cours à donner par semaine, mais je travaillais plus de 50h par semaine du fait des préparations de cours, et des corrections d’examens.

4 ans après, j’ai demandé ma réintégration dans le 2nd degré et j’ai obtenu un poste fixe en collège à Brest, un super collège.

J’ai alors un salaire qui me satisfait.

 

Compétences développées

S

La maîtrise de mes disciplines d’enseignement.

SF

Organiser, monter des projets.

SE

La créativité, l’autonomie, l’écoute des autres

 

E
T

 

Déclics

J’ai été déçue par le système éducatif : il n’y a aucune reconnaissance du travail accompli de la part de l’EN, ce qui explique mon départ. Pourtant, mon principal, lui, a tout fait pour m’empêcher de partir.

 

Freins, peurs

Quand j’ai demandé en 2006 à démissionner, le rectorat a refusé et m’a conseillé la disponibilité.

 

Des années plus tard j’ai appris en entretien que « pour demander une chose pareille », le Rectorat considérait que je devais être en état de « fragilité psychologique » !

 

Démarches

En 2005 je prends contact avec la conseillère psychologique du rectorat de Rennes, et son accueil est très chaleureux. Je voulais obtenir un CFP, mais le délai d’obtention était de 7 à 8 ans…

J’ai demandé une disponibilité qui a été acceptée.

 

En février 2009 j’ai fait une demande d’Indemnité de Départ Volontaire (IDV) puisque j’étais éligible au dispositif bien qu’en disponibilité et n’ai reçu la réponse que 7 mois plus tard. On m’a alors écrit que j’avais droit à 15 000.00 €.

 

Lors de l’entretien auquel j’ai été conviée, la somme a alors été divisée par 10 : « nous nous sommes trompés » m’a-t-on dit alors. L’entretien a été très négatif, les personnes qui m’ont reçue ont critiqué mon « attitude individualiste ». Dans ma tête depuis, j’ai démissionné, mais j’ai arrêté de faire des démarches auprès du Rectorat.

 

J'ai dû finir par prendre un avocat pour réussir à démissionner, une chose que jamais je n'aurais pu imaginer.

 

A




P




R




E




S




?

Période de création

 

 

 

 

J’ai voulu me former à ce qui me passionne depuis mon enfance : la couture. En 2006 j’ai pu suivre un Bac Pro des métiers de l’art. J’ai 32 ans, et les autres élèves entre 18 et 24 ans. J’obtiens le Bac Pro en 2007 et je travaille pour des associations pour créer des costumes de danse, de spectacle. Ensuite, je crée mon activité dans le cadre d’une Société Coopérative Ouvrière de Production (SCOP), et je travaille en binôme avec un brodeur sur des robes de mariées.

A la rentrée 2007 un établissement privé sous contrat m’avait embauchée comme prof de couture, mais 3 semaines après, avait interrompu l’un de mes cours en m’interdisant d’enseigner la couture, car mon statut d’agrégée de géographie ne le permettait pas. Malgré cela, le rectorat refusait toujours ma demande de démission.

En février 2009, je crée une Entreprise Individuelle (E.I).

Fonctions

 

 

 

 

 

 

Je suis styliste et prof de couture. Je donne 16h de cours de couture par semaine, à une cinquantaine d’élèves de tous âges, que je vois progresser, et qui viennent aux ateliers avec plaisir. Je fabrique par ailleurs des pièces haut de gamme, sur mesure : tailleurs, manteaux, robes de mariées. Je fabrique aussi des costumes d’hommes, je travaille la soie, les lainages, le lin. Dans mon nouveau métier, je suis devenue libre, et mes perspectives de carrière sont intéressantes. J’ai l’immense bonheur de faire ce qui me passionne et de m’organiser comme je veux.

 

Compétences transférées

SF

Savoir organiser son temps de travail.

 

SE

L’écoute, être disponible pour les autres, créative, autonome.

Regrets/Décisions

Cette reconversion a été un parcours du combattant techniquement, moralement, financièrement. L’attitude du rectorat a été négative. Je n’ai aucun regret du métier de prof dans l’Education Nationale.

 

On subit dans ce métier une infantilisation constante du système, c’est très pesant, et les marges de manœuvre pour innover sont trop étroites. Dans l’EN, il n’y a pas de véritable  GRH.

 

Erreurs à éviter/Conseils

Je rencontre encore des enseignants qui en ont ras-le-bol de leur métier, qui veulent changer. Ils ne connaissent pas toujours les possibilités qui existent pour se reconvertir, notamment l’existence de l’IDV dont la mise en œuvre est peu encouragée dans les faits. Oser faire le pas oblige à avoir le sens du sacrifice et un entourage solide.

 


Écrire commentaire

Commentaires: 0