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Salariée devenue professeur, elle repart, dégoûtée...


 

1. Initialement pourquoi étiez-vous devenu professeur ?

J'ai voulu devenir PE pour transmettre des savoirs mais également pour aider les élèves en difficultés et essayer de leur donner confiance en eux

Car sans cette confiance il me paraît difficile de tenter et/ou d'avancer dans la vie.

 

2. Combien de temps, dans quelle discipline et type d'établissements et comment avez vous exercé ?

J'ai enseigné 1 an 1/2 en maternelle toutes les compétences du programme. 

L'année dernière j'étais en PS/MS à mi-temps et j'ai effectué un stage massé de 3 semaines en CE2 dans l’académie de Versailles.

 

3.Qu'est-ce qui vous a donné envie de changer de voie, de quitter l'enseignement ?

 

Voici différents points qui m'ont poussé à démissionner (Il s'agit d'une accumulation) :

 

- Le manque de bienveillance de la part de la hiérarchie et en particulier de ma CPC, DEA et Inspecteur de l'année dernière (on peut parler d'acharnement voir d'harcèlement (avec des rapports faux). Ma tutrice universitaire heureusement m'a soutenu comme elle a pu, elle a assisté à mon entretien avec ces 3 personnes et a été très choquée. J'ai vécu un réel cauchemar durant ma 1ère année. Selon moi certaines personnes ont du pouvoir au sein de l'EN et semblent en profiter voir même à prendre du plaisir en en abusant (= perversité). J'ai appris que l'inspecteur en question avait un blâme et selon les syndicats il y avait un taux de démissions importants sur son bassin (donc le mien). Pourquoi une telle situation est tolérée ?

 

- En tant que PES, j'ai enseigné ma première année dans une école extrêmement difficile (l'inspecteur a avoué à une maman de ma classe lors d'un rdv que cette école était la difficile de la circo alors pourquoi y envoyer des PES ?). Curieusement après avoir rencontré la supérieure de mon inspecteur au mois de juin dernier pour lui expliquer tous les dysfonctionnements dans mon suivi de formation, au 2è mouvement le poste réservé aux PES a été réouvert... ? No comment.

 

L'équipe enseignante n'était pas soudée (personne nous a aidé), une directrice dépassée, des élèves très difficiles (violents, allophones...). Ma binôme et moi (PES toutes les 2) avions récupéré des MS très durs (est-ce un hasard ? Je ne pense pas), notre classe était ingérable.

Et bien souvent quand la gestion de classe ne va pas c'est à cause de l'enseignant.... 

 

- La formation actuelle (Bac + 5) n'est pas adaptée, on nous apprend à faire des séquences mais en aucun cas à gérer une classe. Nous sommes jeté(e)s dans notre classe dès la rentrée alors que l'ESPE commence qu'en octobre. Ca été très violent en ce qui me concerne.

 

- La rémunération n'est pas à la hauteur de notre diplôme et du travail effectué .... (bien que cela je l'avais accepté si je gagnais en qualité de vie, ce qui n'a pas été le cas). 

 

- Deux de mes anciennes collègues se sont arrêtées à cause d'élèves de GS difficiles, violents.... (et oui ça commence dès la maternelle, les chaises volent !...)

 

- Ma binôme de l'année dernière est BD cette année sans l'avoir choisi (ça aussi ça m'agace nous sommes des pions et nous devons aller là où ils nous disent d'aller, généralement en ZEP) me raconte régulièrement ses mésaventures (élèves insolents, violents dont un CM2 qui lui a dit "prépare ta tombe" car elle lui a demandé d'aller dans une autre classe). Ce n'est pas possible de vivre de telles choses.

 

- Dans mon groupe actuel de PES renouvelés, certains sont encore malmenés par leur « tuteur terrain » et pensent démissionner...

 

- Dans ce métier, les PE sont confrontés à la violence de la société, nous devons être éducateur, psychologue, et enseignant. Nous ne sommes pas formés, ni préparés pour vivre cela. La loi de 2005 qui parle d'une école inclusive est une très bonne idée mais il est difficile d'accueillir dans nos classes des élèves en situation de handicap tels que les troubles de comportements sévères. Bien souvent une équipe éducative est mise en place en MS ou GS mais on nous dit "cet élève n'aura pas d'AVS cette année...".  

 

La hiérarchie joue avec nos nerfs et notre santé, nous n'avons pas les moyens de travailler dans de bonnes conditions.

 

Tout cela me laisse perplexe quant à ce métier, je l'avais tellement désiré mais certainement trop idéalisé. Je suis PES depuis peu mais j'en ai trop vu et trop entendu. C'est un métier où l'on peut se retrouver seul(e) et dans une grande souffrance. Je préfère donc partir maintenant avant de sombrer car trop de choses ne me conviennent. 

 

Le constat est triste, le système éducatif français prend l'eau ce qui m'attriste profondément car les jeunes scolarisés aujourd'hui représentent notre société de demain.

Nous manquons d'enseignants mais pourquoi sommes traités ainsi ? Je me demande si cela n'est pas voulu.... pour valoriser les écoles privées.

 

4. Quelles démarches avez-vous alors réalisées, de la formation jusqu'à votre départ effectif ?

Je me suis inscrite dans plusieurs cabinets de recrutement..., ma tutrice terrain à tout fait pour me retenir car selon elle je suis faite pour ce métier mais je lui ai dit que le système était trop violent pour moi.

 

5. Que faites-vous aujourd'hui ? Expliquez-nous votre seconde carrière.

Je retourne en comptabilité générale, mon premier métier. J'ai travaillé 20 ans dans le privé dans un grand groupe mais jamais je n'ai vu une telle souffrance qu'au sein de l'EN. 

 

6. Quels conseils donneriez-vous à des professeurs qui souhaitent réaliser une mobilité comme la vôtre ?

Mon cas est particulier dans le sens où j'ai eu un autre métier à mon actif. Le seul conseil que je peux donner aux PE est de ne pas rester dans une situation devenue insupportable. Plusieurs PE ont réussi à s'orienter vers un nouveau métier, ce n'est pas facile mais ils ont les capacités pour réussir, il faut garder confiance en soi.

 

Pendant des années je n'ai pas osé et j'ai fini par me lancer dans l'EN ça été très difficile mais aujourd'hui je peux dire que j'ai avancé, j'ai également rencontré de belles personnes. Je ne vis pas cette expérience comme un échec.

 

La citation de Nelson Mandela m'a beaucoup aidé lorsque je révisais le concours "je ne perds jamais soit je gagne soit j'apprends" j'aime également celle-ci "Le plus grand échec est de ne pas avoir le courage d'oser - l'Abbé pierre".

 

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