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Professeur, tu veux quitter la classe ? Cet été, voilà les 10 conseils de Rémi BOYER, notre expert, pour bien y réfléchir et préparer ta seconde carrière


Professeur, tu voudrais quitter la classe ? Cet été, voilà les 10 conseils de Rémi BOYER, notre expert, pour bien y réfléchir et préparer ta seconde carrière:

 

1. Dès l’entrée dans le métier d’enseignant, il est important de te former et de réaliser des projets pédagogiques en mobilisant tes élèves et tes collègues.

 

Que tu aies choisi le métier par vocation ou faute d’avoir pu trouver d’autres débouchés, une fois le concours obtenu, ta formation doit se poursuivre chaque année, pour acquérir de l’expérience, et des compétences transférables vers d’autres fonctions et métiers si un jour tu y penses.

 

Il est aussi très important, dès que tu en as la possibilité, d’organiser des voyages pédagogiques avec tes collègues, de monter des projets pluridisciplinaires.

 

Plus tes compétences seront diversifiées, dont celle de savoir travailler en équipe, plus rapide sera ta reconversion, le jour où tu le décideras.

 

2. Si des difficultés surviennent dans ta vie professionnelle, ne songe pas trop vite à une reconversion.

 

Etre en difficulté professionnelle, dans les premières années d’enseignement (manque de formation, temps de préparation et de correction important), tout comme au bout de 15 à 20 ans (sentiment de routine, surtout quand on a du mal à obtenir sa mutation), est fréquent.

 

Il ne faut pas fuir les difficultés en s’imaginant qu’il n’y en aura plus ailleurs, et construire un projet de reconversion sur ces bases fragiles. Il est préférable dans un premier temps de chercher quels leviers activer dans ton métier pour relancer ta motivation, car une reconversion est toujours synonyme de bouleversements plus importants que ceux que l’on avait imaginés.

 

3. Envisager une reconversion, c’est d’abord anticiper !

 

Pour s’engager dans un processus de mobilité, interne (détachement, concours interne) ou externe (disponibilité ou démission pour aller travailler dans le privé ou créer son entreprise), il est capital d’anticiper. Changer de voie suppose parfois de reprendre une formation, dont le coût ne sera pas négligeable. Le CPF peut éventuellement financer une formation de courte durée, mais en aucun cas 4 années d’orthophonie ni un nouveau Master.

 

L’Education nationale est pingre, et finance peu de formations par le CPF. Il faut te préparer à utiliser tes économies. Beaucoup d’enseignants conditionnent la réalisation de leur projet à l’obtention d’un congé de formation professionnelle, et c’est une erreur : en effet, le temps d’attente d’un tel levier est de 5 à 7 ans en moyenne pour toutes les académies et cela peut aller jusqu’à 14 ans d’attente dans l’académie de Créteil. C’est juste désespérant. Il est donc préférable de trouver toi-même une solution plus rapide : économiser plusieurs années à l’avance permettra le moment venu de demander ta disponibilité pour convenances personnelles. Les enseignants qui attendent des années leur congé de formation finissent par se décourager, même si le congé finit un jour par leur être attribué.

 

4. Le moment venu, tu l’auras décidé, tu veux cesser d’enseigner ! Il est important à ce stade de mener une réflexion sur ton parcours de carrière.

 

Bien que l’enseignant ait droit avec 10 ans d’ancienneté au financement d’un bilan de compétences, peu d’académies l’acceptent, faute de budget. Nous avions cherché à savoir pourquoi en posant la question en 2012 à Josette THEOPHILE qui avait depuis 2010 mis en œuvre le DIF pour les professeurs : « trop d’enseignants arrêtent leur bilan de compétences en cours de route, alors que la totalité de la prestation a été payée au départ par leur académie. Cela coûtait trop cher à l’Education nationale, et désormais une contribution de l’agent est requise, de 30 à 50%, ou parfois plus » nous avait-elle répondu.

 

Chacun est invité à se débrouiller par lui-même et les solutions économiques sont rares: 

 

- réaliser gratuitement ton Auto-Bilan de tes 20 Compétences Transférables de professeur sur le portail de FLEXIPROF.

 

- réaliser un bilan généraliste gratuit en ligne sur le site de l’APECMon potentiel marché » qui suppose d’être opérationnel pour postuler sur tout type de poste, ça n’est pas un bilan de compétences),

 

- s’inscrire comme demandeur d’emploi à FRANCE TRAVAIL pour rencontrer un conseiller durant une dizaine de séances d’une heure gratuitement,

 

- réaliser un pré-bilan de carrière puis un Bilan Professionnel en adhérant à AIDE AUX PROFS en Option IDEES ou un Bilan de Compétences en Option BILAN réalisé auprès d'une ancienne enseignante qui en a fait sa reconversion.

 

- choisir tout autre prestataire de Bilan de Compétences : il en existe 1.241 en 2025, répartis dans tous les départements avec des tarifs entre 1.500 € et plus de 3.000 €, car la qualification "CPF" et "Qualiopi" leur a fait gonfler leur prix. C'est "LA prestation phare du marché" des entreprises privées de la formation tout au long de la vie.

 

Ceux qui souhaitent réaliser un bilan de compétences en face-à-face avec un conseiller auprès de tout organisme privé, durant 25h à 42h selon les normes en vigueur, débourseront entre 1.500 € et 3.000 € environ. Si tu veux vraiment qu’un Conseiller en Bilan de Compétences te consacre du temps, il faut que tu saches y mettre le prix. Le tarif peut te paraître élevé, mais le temps de celui/celle qui va s’occuper de toi, c’est son revenu et ses charges sociales, et ses impôts. Il n’est pas question de négocier au-delà de ce qui a déjà été négocié en amont par la structure auprès de laquelle tu décides de le faire, le montant du Bilan de Compétences.

 

Si tu veux faire des économies et entrer quand même dans une démarche de réflexion sur ton parcours de carrière, tu peux te procurer les deux ouvrages de Rémi BOYER, qui les a conçus à cet effet:

Enseignant...et après ? Comment préparer et réussir sa seconde carrière (191 p.) Cela a inspiré plus de 6.000 professeurs à ce jour.

 

Enseignants et mobilité professionnelle. Conseils et outils pour choisir la vôtre (210 p.) qui contient une méthode de Bilan Professionnel à réaliser en autonomie. Plus de 6.500 professeurs l’ont déjà utilisé. Toutefois ce sont juste des conseils pour réaliser toi-même ton bilan. Cela n’a rien à voir avec un Bilan réalisé par une autre personne. C’est toujours ce qui doit être privilégié si tu en as les moyens.

 

5. Une fois le pré-bilan et/ou le bilan réalisé(s), il est temps de prospecter un poste ou de monter ton projet:

 

Rechercher un poste est un long cheminement, en fonction de tes contraintes personnelles et professionnelles.

 

- Si tu résides dans une région rurale, à plus de 60 km d’une ville de moins de 50.000 habitants, et que tu n’envisages pas de supporter ce temps de trajet quotidien, il faudra envisager de déménager pour réussir ton projet si tu veux absolument être recruté comme salarié ailleurs, que ce soit en mobilité interne ou externe. Les postes administratifs de l'Etat accessibles aux enseignants sont très rares dans les villes de moins de 50.000 habitants.

 

- Si tu es en région urbaine, notamment dans une agglomération de plus de 50.000 habitants, les possibilités seront plus nombreuses. Si tu es en couple, avec des enfants, c’est important en amont d’obtenir l’assentiment de ton foyer sur ton projet qui peut avoir de grosses répercussions pour chacun (changement d’école pour les enfants, perte de leurs meilleurs copains, allongement du temps de transport pour toi ou obligation de déménager et donc pour ton conjoint de changer de boulot à son tour…) : certaines reconversions se terminent parfois par des divorces, si l’entourage n’y a pas été bien préparé !

 

Identifier un poste sur Internet est le moyen le plus facile : puisque ton Bilan Professionnel autonome ou avec un conseiller t’a permis de déterminer les métiers qui t’intéressent, il est important de limiter ta prospection à ceux-ci, au lieu de te disperser. Par expérience, les enseignants qui recherchent un poste « dans n’importe quel domaine », réussissent très rarement leur reconversion. Ils finissent découragés, lassés d’avoir obtenu des réponses négatives à leurs candidatures, car leur CV était trop généraliste, et leurs lettres de motivation n’étaient pas personnalisées, avec trop d’usage du copié/collé ou de rédaction par une IA (trop de candidats le font maintenant avec Chat GPT ou toute autre IA, et les recruteurs ne sont pas bêtes…).

 

Une prospection doit s’effectuer au moins deux fois par semaine, pour espérer repérer un poste intéressant, sans te décourager. Il est important, en parallèle, de prévoir une autre voie de mobilité, qui peut être la préparation d’un concours (fonction publique territoriale par exemple, ou poste ITRF). Le portail de FLEXIPROF te présente toutes les possibilités de mobilité interne dans toutes les structures de l’Education nationale, des autres ministères, des collectivités territoriales, qui en proposent. Ceux qui décident de créer leur entreprise doivent collecter des informations auprès des Chambres de Commerce, des Chambres des Métiers, rencontrer des Chefs d’entreprises, en parler à leur réseau relationnel, lire des ouvrages spécialisés, demander à être accompagné par une structure, en général une association, qui aide les nouveaux entrepreneurs. C’est une nouvelle aventure, dans un domaine qui te passionnera, et tellement différent de ce que tu auras connu jusqu’ici !

 

6. Une fois le poste repéré, si c’est ton projet, ne perds pas de temps pour y postuler !

 

Il n’y a rien de plus frustrant que d’avoir repéré un poste à pourvoir en détachement si tu veux rester au service de l’Etat, ou en CDD ou CDI si tu veux postuler dans le privé, et de constater qu’il n’y a plus qu’un ou deux jours pour y postuler. Il est donc essentiel d’avoir préparé ton CV, et de l’adapter aussitôt en fonction des compétences attendues. Il en sera de même de la lettre de motivation : il est possible de préparer une trame de base à adapter en fonction de tes besoins. La lettre de motivation ne doit pas s’effectuer qu’en fonction de la fiche de poste. Pense à prospecter sur Internet le site web de la structure qui recrute, pour y trouver des éléments d’information susceptibles de te démarquer de tes futurs concurrents, tous candidats alors qu’il n’y a qu’un poste à pourvoir. La sélection sera plus drastique que n’importe quel concours ! Une fois le CV et la lettre de motivation envoyés, en te conformant à ce qui est indiqué dans l’annonce, le travail ne s’arrête pas là !

 

7. L’objectif du CV et de la lettre de motivation, c’est d’être convié à un entretien avec le recruteur. Alors prépare-toi dès ton courrier envoyé !

 

Trop d’enseignants oublient cette étape essentielle, en attendant d’être conviés à l’entretien. Se préparer, c’est t’informer des questions-types posées aux entretiens de recrutement. Adhérer à une association comme AIDE AUX PROFS te permettra de bénéficier de nombreux conseils, puisque des simulations d’entretien en face-à-face peuvent t’être proposées avec un conseiller. Enfin, informe-toi sur la structure qui recrute : ses activités, ses productions, ses services. Tu dois être incollable sur ces questions, comme si tu faisais déjà partie de « la maison ». Chaque candidat est supposé curieux, intéressé, motivé, déterminé, et il ne faut pas rester silencieux sur les questions qui concernent ta connaissance de la structure qui recrute en répondant « ça n’était pas indiqué dans la fiche de poste ». Chou blanc, ton interlocuteur ne retiendra pas ta candidature !

 

8. C’est le grand jour : tu es convoqué(e) à l’entretien de recrutement !

 

Reste toi-même : cela ne sert à rien de donner une fausse image de toi, de jouer un rôle. Inutile de mentir sur tes projets, ton parcours, tes qualités, tes défauts, car tout est vérifiable. Le recruteur peut avoir eu l’idée de téléphoner au préalable à ton chef d’établissement, ou au DRH de ton académie, si tu es déjà en détachement. Répond naturellement aux questions, avec conviction, motivation. Tu le veux ce poste ? Alors montre-le, en répondant de manière argumentée, avec le sourire, en communiquant ton enthousiasme. Ce seront tes meilleures cartes.

 

9. Tu n’es pas recruté et tu es déçu(e) ? Reste motivé, c’est essentiel !

 

Pour avoir accompagné plus de 2.200 enseignants depuis 19 ans dans leurs mobilités, nous savons que le recrutement s’effectue rarement dès la première candidature. En effet, il faut vivre l’expérience de plusieurs entretiens de recrutement avant d’en décrypter les moments-clés, et déceler ce qu’attendent les recruteurs. Plus tu iras aux entretiens, plus tes chances d’être recruté(e) augmenteront. Si tu reçois une lettre négative, réagis très vite : téléphone aussitôt au recruteur pour lui demander, toujours diplomatiquement, pour quelles raisons ton profil ne convenait pas. Il ne s’agit pas de faire changer d’avis le recruteur, c’est beaucoup trop tard pour un tel exercice. Il s’agit juste de savoir les raisons qui l’ont fait choisir un autre profil que le tien. Ainsi seras-tu mieux armé(e) lors du prochain entretien, en prenant le temps de travailler tes faiblesses, pour en faire de nouveaux atouts !

 

10. Tu es recruté(e), ça y est, c’est la quille, vas-tu pouvoir quitter la classe sans nécessité de service ?

 

En effet, ne te réjouis pas trop vite… Si tu es recruté(e) en cours d’année, il faut encore réussir à convaincre ton administration de te laisser partir. Arme-toi de patience, sois diplomate, souriant(e) : cela facilite souvent les démarches, mais ne compte pas moins de 3 mois pour partir dans le meilleur des cas.

 

L’Education nationale est le principal employeur public à empêcher autant qu’il le peut les professeurs de le quitter. Ton employeur te rappellera que tu es fonctionnaire ou assimilé et que tu « appartiens à l’Etat, qui décide de ton avenir professionnel ».

 

Bref, en voulant absolument obtenir un concours pour gagner la sécurité de l’emploi, tu as perdu :

 

- ta liberté de choix de la date de ta mobilité interne ou externe,

 

- ta liberté d’expression sur ce qui ne te convient pas dans tes conditions de travail et de salaire (c’est le devoir de réserve),

 

- ta liberté de choix de ta reconversion.

 

Si tu étais devenu professeur contractuel sans intention de devenir titulaire juste pour être libre de changer d’emploi au gré de tes envies, tu n’aurais pas à te poser cette question du « comment quitter mon métier de prof sans en être empêché par une nécessité de service ? »

 


Les bénévoles d'AIDE AUX PROFS te souhaitent une bonne réflexion

et de bonnes vacances...

 

Le formulaire de demande d’adhésion reste en ligne toute l'année, et nos bénévoles répondent aux demandes par ordre d’arrivée, selon leurs disponibilités. Les adhésions réalisées au-delà du 7 juillet 2025 valent pour l’année d’adhésion 2025-2026.

 


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