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Après prof : de l'Education Nationale à la structure indépendante: l'aventure de Magali PIROT, professeur de Mathématiques


Après prof : de l'Education Nationale à la structure indépendante.

 

Magali PIROT a exercé comme professeur de mathématiques pendant 18 ans au sein de l'Education Nationale. Frustrée par ses conditions de travail, elle a ouvert sa propre structure de cours particuliers pour pouvoir enfin enseigner à sa façon, dans un rapport privilégié avec chaque élève. Voici son témoignage.

 

Interview réalisée par Emilie WOLF, Rédactrice Web SEO pour AIDE AUX PROFS.

 

Quel a été votre parcours professionnel de la fin de vos études jusqu’à votre reconversion actuelle ?

 

A la fin de mes études, j’ai passé le concours de professeur des écoles que j’ai obtenu… J’ai donc quitté les bancs de la fac pour retourner sur ceux des écoliers sans avoir vraiment quitté le système scolaire. J’avais eu, durant les vacances, l’occasion de découvrir d’autres métiers pour commencer à être autonome, passer mon permis et payer mes loyers. Je savais qu’enseigner c’était fait pour moi, ce petit côté : « Je connais la réponse mais te la faire comprendre, patiemment, m’apporte bien plus ».

 

Amoureuse des maths depuis toujours, j’ai commencé à donner des cours particuliers par Complétudes et Acadomia durant mes études. Après 18 ans de carrière au sein de l’Education Nationale, j’ai trouvé mon Ikigaï : si le système scolaire ne pouvait pas me proposer des conditions de travail adéquates alors je les mettrais en œuvre par mes moyens.

 

Ma reconversion s’est faite en 6 mois. C’est ainsi que j’ai créé ma microentreprise de cours particuliers en mathématiques pour aider les élèves et étudiants au plus près de leurs besoins. 

 

Je me déplace chez chacun de mes 33 élèves, je leur propose d’aborder les maths de manière plus ludique dans un environnement paisible, sans jugement. Nous avançons lentement mais sûrement. Le plus appréciable, ce qui selon moi compte avant tout, c’est de galvaniser ces jeunes. Ils me remercient à chaque heure de cours, cela vaut tout l’or du monde…

 

Quels projets pédagogiques avez-vous pu mener et dont vous êtes fière ?

 

Lorsque j’ai commencé à travailler dans les classes, j’ai compris que le mieux serait de mutualiser les talents… Mes collègues en avaient aussi dans divers domaines et créer une cohésion d’équipe était essentiel. Je voulais partager mes travaux et profiter aussi de ceux de mes collègues. L’ouverture des esprits commence certainement par celle des portes… Je n’ai pas toujours été confrontée à la bienveillance malheureusement, mais j’ai gardé ma ligne de conduite : faire ses preuves et proposer son aide. Les projets pédagogiques que j’ai menés avec le plus de plaisir étaient créatifs et d’envergure, les élèves s’en souviendront (j’espère !) J'ai, par exemple, mené un projet d'écocitoyenneté intitulé « J'aime ma planète » sur 4 ans en collaboration avec plusieurs classes de cycle 2. Je me souviens aussi de deux projets autour de la musique : « Voix en Seine » et « Cultivons notre oreille » et d'un autre projet plus axé sur l'histoire. C'était une chasse au trésor permettant de faire découvrir aux élèves le patrimoine historique et culturel autour de Jeanne d'Arc. Hors de la classe, j'ai également pu participer à l'élaboration du Grevisse de la conjugaison , édition Magnard 2019 par l'analyse et la critique objective d'exercices de manuel. Mon emploi du temps de classe double CP-CM1 a aussi été publié dans le magazine "La Classe Hors Série" de juillet 2017.

 

Quelles compétences avez-vous développées durant tout votre parcours de carrière ? 

 

La patience avant tout est certainement la compétence la plus développée durant tout mon parcours de carrière. Prendre le temps d’écouter les élèves, leur laisser l’espace de s’interroger et de cheminer dans leurs réflexions. Guider par mes questions si nécessaire sans brûler les étapes. La responsabilité, les élèves, uniques chacun à leur façon, m’ont appris que l’adulte a parfois un discours qui peut les bouleverser dans le bon comme dans le mauvais sens, et que l’on doit mesurer le poids de nos paroles et de nos actes. Humainement, c’est un métier incroyable, les élèves nous confrontent à une réalité sans fard parfois éprouvante et brutale mais quand ils comprennent, apprennent et s’avancent sur le chemin des savoirs, la joie les illumine. Moi, j’y ai longtemps trouvé mon compte. Le dynamisme est nécessaire pour maintenir l’intérêt. Un bon prof est sûrement un grand artiste qui suscite les regards. Il faut avoir le goût du travail bien préparé en amont pour en voir les fruits sur le long terme, et savoir capitaliser des cours ratés pour faire mieux.

 

Aviez-vous songé à devenir chef d’établissement ou inspecteur ? Pourquoi avez-vous préféré quitter L'Education Nationale plutôt que de tenter une reconversion interne ?

 

La partie administrative que le chef d’établissement doit gérer me semblait très lourde en plus du métier d’enseignant, je n’ai jamais eu envie de tenter. Encore moins devenir Inspecteur, qui me semble être un métier plus politique que lié à l’enseignement. La mobilité hors enseignement n’a jamais été proposée ni envisagée. Les passerelles vers d’autres branches sont quasi inexistantes voire si floues qu’on ne se risque pas à découvrir vers quoi elles pourraient nous mener.

 

Aviez-vous peur de vieillir dans ce métier ?

 

Oui, je savais que je vieillirai mal, je craignais de devenir cette vieille institutrice qu’on a tous en tête, à cause des films plein de clichés, celle qui perd de vue l’essentiel et fait des fixettes sur les détails, qui devient coincée ou agressive, enlisée jusqu’à la fin dans un rôle pour faire respecter les prérogatives énoncées par l’Education Nationale.

 

Quelles raisons vous ont conduite à quitter l'enseignement ?

 

Voici ce que j’avais écrit dans ma lettre de démission :

Voilà 18 ans que j'enseigne au sein de l’Éducation Nationale, les années passent mais la reconnaissance et l'évolution dans ma carrière ne sont pas proportionnelles au travail que je fournis. On n'a pas su percevoir mon potentiel. On m'a conseillé de faire comme d'autres. Consciencieuse et méticuleuse, je cherche à bien faire mais les conditions d'enseignement sont de plus en plus difficiles. Je ne tiens pas à faire moins bien mon métier.

 

Avoir été enseignante a-t-il été un atout ou un handicap dans votre projet de reconversion ?

 

Clairement un atout, j’enseigne toujours et même face à la difficulté, je suis enthousiaste à l’idée de concevoir des outils pour la dépasser. J’ai grandi et beaucoup appris dans les classes, je perçois nettement les écueils du professeur. En proposant une autre approche centrée sur les besoins individuels de l’élève, je me sens plus efficace, plus libre.

 

Qu’avez-vous pensé de l’accompagnement de l’association AIDE AUX PROFS pour vous aider à quitter l’Education Nationale ? 

 

L’accompagnement de l’association AIDE AUX PROFS m’a permis d’y voir plus clair sur ce qui était envisageable. Rémi BOYER m’a bien aidée dans mes réflexions et dans la rédaction de ma lettre afin de m’assurer une démission sans report. J’ai pu mesurer tout ce dont j’allais me délester. Après un entretien avec l’adjointe au DASEN dans les locaux de l’Inspection Académique, la cage dorée s’est ouverte.

 

Que conseilleriez-vous aujourd’hui à une personne qui souhaiterait de devenir professeur ?

 

Aujourd’hui, enseigner relève du défi à vie… Plus qu’un métier, c’est vouer un temps illimité par la pensée à tous ses élèves. Il faudra savoir cloisonner les moments de vie privée, les moments de travail pour la classe. Accepter de prendre de vrais temps de repos, surtout lorsqu’on est malade, ne pas culpabiliser. Savoir bien s’entourer et s’appuyer sur les collègues et l’équipe RASED pour que l’adversité ne soit jamais source d’isolement.

 

Que conseilleriez-vous à un professeur qui souhaiterait quitter l'enseignement ?

 

Comment rester un bon enseignant quand on ne veut plus aller en classe ? Démissionner peut donner l’impression d’abandonner, en réalité, c’est surtout se préserver.

 

Peser le pour et le contre donne l’impression de danger, d’une grande prise de risque mais c’est sans compter les belles surprises de l’avenir. Vos ressources personnelles sont immenses et ne se réduisent pas à ce que le métier fait émerger. Avoir des projets donne de l’élan ! En préparant correctement son départ, quitter l’Education Nationale devient moins effrayant.

 

L’assurance de l’emploi n’est pas l’assurance d’une vie saine. Même si les discours des bien-pensants qui vous entourent vont à l’encontre de votre ambition, il faut avancer vers vos aspirations. Si la vie ne se vit qu’une fois, autant essayer maintenant…

 

Ma micro-entreprise est ancrée dans les services à la personne, ce qui permet de faire bénéficier mes clients d’un crédit d’impôt.

 


Devenir professeur indépendant.

 

Vous en avez assez des classes surchargées ? Les problèmes de discipline vous minent le moral ? Vous avez le sentiment de ne pas pouvoir accompagner les élèves autant que vous le souhaiteriez ? 

 

Si l'enseignement vous intéresse toujours, devenir professeur indépendant pourrait être une piste de reconversion intéressante. Voici quelques informations à connaître.

 

Fiche réalisée par Emilie WOLF, rédactrice web SEO pour AIDE AUX PROFS

 

I/ Les conditions d'exercice.

 

Terminé les classes de 30 élèves ! Le professeur indépendant donne des cours particuliers, souvent au domicile de l'élève ou au sein d'un organisme de soutien scolaire. Ses horaires sont plus flexibles, il dispose d'une grande liberté pédagogique et peut plus facilement s'adapter aux difficultés des élèves qu'il accompagne.

 

II/ Quel statut adopter ?

 

Si vous exercez encore dans l'Education Nationale, il existe pour les enseignants une dérogation qui vous permet d'exercer une activité libérale découlant « de la nature de vos fonctions. » Autrement dit, vous n'êtes pas obligés de demander une autorisation pour donner des cours particuliers dans votre matière.

 

Un jugement du tribunal administratif de Nantes datant du 11 Octobre 2022 confirme ce fait dans le cadre d'une affaire concernant un professeur de lycée qui donnait des cours particuliers.

 

L'autre solution est d'avoir le statut d'auto-entrepreneur et, dans ce cas, les règles sont toujours les mêmes : demander un temps partiel et faire une demande de cumul d'activité. Le soutien scolaire peut entrer dans la catégorie « Service à la personne ».

 

Vous trouverez les informations nécessaires à ce sujet sur cette page du site de l'Education Nationale.

 

Si vous vous déplacez au domicile de vos élèves, il est alors intéressant d'obtenir un « agrément simple ». Il n'est pas obligatoire mais il présente des avantages à la fois pour vous et vos clients :

  • Une réduction d’impôt ou crédit d’impôt sur 50% des sommes versées (avec un plafonnement par foyer fiscal qui dépend de la composition du foyer fiscal.
  • Une TVA à 5,5% pour les activités de services à la personne.

Par ailleurs, les familles ont la possibilité de rémunérer un professeur à domicile grâce au CESU (le Chèque Emploi Service.) Ce dispositif simplifie beaucoup de démarches et ouvre droit à un crédit d'impôt pour l'employeur.

 

Devenir professeur indépendant peut donc être une solution adéquate et relativement simple pour la reconversion des professeurs de l'EN en quête d'une plus grande autonomie et d'un rapport plus individualisé avec leurs élèves.


Pour être accompagné en adhésion sur AIDE AUX PROFS, dans le choix de cette évolution professionnelle, c'est dans l'Option CUMUL si tu restes enseigner en parallèle, ou dans l'Option IDEES si tu veux élargir la vision de ce que tu peux faire après prof, ou dans l'Option DISPO si tu souhaites juste une DISPO pour convenances personnelles, ou dans l'Option DEM pour réaliser ta DEMission.


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