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Bernard-Yves COCHAIN, 52 ans, photographe devenu professeur des écoles, a réalisé d’autres étapes passionnantes…


Bernard-Yves COCHAIN, 52 ans, photographe devenu professeur des écoles, a réalisé d’autres étapes passionnantes…

 

Interview de Rémi BOYER pour l’association AIDE AUX PROFS, publiée dans le mensuel n°127 de novembre 2011 sur le Café Pédagogique.

 

Quel a été votre parcours professionnel jusqu’ici, et les activités que vous y avez mises en œuvre ?

 

J’ai commencé à travailler après mes 16 ans comme démonstrateur photo à La Samaritaine, en réalisant des démonstrations pour la marque AGFA, puis j’ai enchaîné différents petits boulots, comme photographe pour la revue Chasseur d’Images, tout en continuant mes études supérieures. Après avoir été photographe durant mon service militaire, je me suis installé à mon compte en profession libérale de 1981 à 1994, par passion de la photo (Studio BYC).

 

Je réalisais des photos pour la publicité pour des agences de pub, des magazines, des affiches. Je travaillais avec des appareils photo grand format à soufflet (plan-films de 20x25cm). J’aimais travailler la lumière en studio, toujours en recherche artistique de la meilleure technique pour en saisir les différents jeux. Etre photographe, c’est entrer dans une démarche créative permanente, en choisissant les lieux, les objets, les personnes, les effets de lumière, pour faire passer un message, transmettre des émotions. Les sept dernières années au Studio BYC, j’ai travaillé en parallèle dans l’infographie en 2D et en 3D, à une époque où des logiciels comme Powerpoint n’existaient pas. C’étaient les débuts de l’infographie, je créais les premières diapos dans ce domaine, j’ai été un des pionniers sur Paris à faire ce genre de travail, notamment dans l'image de synthèse 3D.

 

En parallèle, j’ai mené des études d’histoire de l’Art, en réalisant une thèse à l’École du Louvre sur le thème « Pierre Louis ROUILLARD (1820-1881) ». Ensuite, j’ai écrit des livres en histoire de l’Art, et effectué des expertises d'œuvres d'art.

 

C’est lorsque j’ai commencé à être chargé de famille, que j’ai cherché à changer de métier, pour avoir plus de temps pour m’occuper de mes enfants. C’est ce qui m’a attiré vers l’enseignement. Je me disais que j’aurais tous mes week-end, les mercredis après-midis, les vacances scolaires…alors que mon métier de photographe m’obligeait à voyager par monts et par vaux. Je pensais que le métier d’enseignant m’apporterait du temps libre, mais ce ne fut pas exactement le cas...

 

En 1994 j’obtiens le concours de Professeur des Écoles et suis affecté pendant 4 ans dans les Yvelines. La première année j’enseigne en CE1-CE2 puis les trois années suivantes comme remplaçant, de la maternelle jusqu’aux classes de Segpa, avec parfois, aussi, des remplacements en hôpital de jour. En 1998-99 j’obtiens une affectation en Lozère et devient enseignant dans une classe multi-niveaux, c’était mon choix, ça m’intéressait. J’y suis resté seulement un an, car l'Inspectrice d’Académie est venue me proposer l’emploi de Directeur du Centre De Documentation Pédagogique (CDDP) de la Lozère.

 

Ce qui a pu faciliter cette proposition, est ma contribution comme expert pour les logiciels Reconnus d’Intérêt Pédagogique (Label R.I.P) auprès du Ministère de l’Education Nationale. Je participais aux travaux d’une commission qui se réunissait toutes les 6 semaines pour déterminer quels logiciels pouvaient bénéficier du label, lesquels méritaient d’être améliorés, et lesquels ne pourraient pas obtenir le label.

 

J’étais aussi correspondant dans le cadre du projet développé par Georges CHARPAK, « la main à la pâte », je faisais partie de la « première vague », en participant à une université d’été avec des scientifiques, et je suis devenu référent pour ce dispositif de développement des sciences à l’école. Au CDDP de Lozère, j’ai eu des missions très enrichissantes, passionnantes. J’ai éprouvé beaucoup de satisfaction à travailler en équipe avec les collègues, dans l’objectif de me rendre utile aux enseignants qui fréquentaient le CDDP, en leur présentant des ressources attractives. Je me suis notamment spécialisé dans les Tableaux Blancs Interactifs (T.B.I), et nous avons été le premier CDDP en France à proposer l'ensemble de l'offre à nos classes.

 

Je suis devenu ensuite expert pour le Ministère dans le cadre du projet « TBI PrimTICE » afin de mettre en place les 2.500 premiers tableaux interactifs dans les écoles primaires. J’ai aussi découvert au CDDP le monde de la documentation, et j’ai trouvé cela passionnant. Nous avions notamment la chance de pouvoir réunir l'ensemble des documentalistes de l’enseignement privé et de l’enseignement public du département, afin de réaliser des échanges de pratiques.

 

En 2002, dans le cadre du plan de Jack LANG alors Ministre de l’Éducation Nationale, pour le développement des Arts et de la Culture, nous avons fait entrer l’art dans l’École avec de vrais professionnels, via les nouvelles technologies également. C’est une période où nous avons produit des ouvrages édités par le CRDP. Je me souviens en particulier de « Musiques à mains nues » avec la compagnie Musicanu, qui avait développé une méthode didactisée pour tout enseignant.

 

Fin 2008, on vient de nouveau me chercher pour travailler comme consultant pour un fabricant de T.B.I, SMART, afin de réaliser une liaison entre le monde de l’Éducation et cette société, pour toute la France. Je dois aider les enseignants à mieux utiliser les solutions proposées par la société, pour les intégrer dans leurs pratiques pédagogiques. Je suis aussi responsable d’un site de ressources pour les professeurs en France.  Alors qu’au CDDP j’étais en position de détachement, je suis maintenant en disponibilité, que j’ai obtenue en cours d’année, au mois de décembre, puisque je n’avais pas de classe en responsabilité, c’était plus facile. J’ai aussi obtenu le soutien du directeur du CRDP qui a trouvé une personne aux solides compétences pour assurer mon intérim en plus de son travail de documentaliste.

 

Quelles compétences professionnelles vous a apporté le métier d’enseignant ?

 

Une appétence pour la pédagogie, l’envie de comprendre comment les choses fonctionnent. J’ai appris à transmettre, pour motiver les élèves, en trouvant comment provoquer leur enthousiasme. C’est très important dans ce métier, pour la relation que l’on a avec les élèves.

 

Quelles compétences vous avait apporté votre métier de photographe ?

 

Des compétences professionnelles, techniques, et le fait de se mettre à son compte. Cela a été enrichissant, avant d’entrer dans l’enseignement, d’avoir connu autre chose que la vie scolaire, d’avoir su ce que c’était de trouver des clients et de leur donner satisfaction. J'y ai appris le sens du travail bien fait. Par la suite, j’ai beaucoup utilisé la photo en classe, pour illustrer un journal scolaire par exemple. Aujourd’hui, dans mes nouvelles fonctions, je prends souvent l’avion, et je prends des photos, en imaginant l’usage que je pourrais en faire avec des élèves, en classe avec un tableau interactif.

 

Quand vous êtes devenu enseignant, qu’avez-vous pensé de l’ambiance de ce métier ?

 

C’est simple : avant, j’étais mon propre chef, et quand je suis devenu prof, j’ai eu peu de contacts avec la hiérarchie, puisqu’inspecté une seule fois en 5 ans. J’ai eu le sentiment d’être encore en profession libérale. En ce qui concerne le travail en équipe, je me suis très bien entendu avec ceux qui, comme moi, faisaient leur travail avec cœur.

 

Qu’est-ce qui explique cette boulimie de changement dans votre parcours ?

 

Je ne sais pas dire non, tout s’est construit sur le hasard des rencontres, je n’ai pas eu à faire de plan de carrière, je suis allé au gré de mes envies travailler dans ce qui m’intéressait, au fur-et-à-mesure des propositions.

 

Que conseillez-vous à un enseignant qui serait tenté de suivre vos traces ?

 

Je ne le lui conseille pas !

En effet, avec toutes ces expériences, cela va devenir complexe lorsque je vais devoir réaliser ma demande de pension pour la retraite, puisque mon parcours a été compliqué avec plus de quinze métiers. De plus, je pense que c'est aujourd’hui plus difficile qu’hier d’être repéré. Il ne suffit plus d'être très adaptable, et ouvert d’esprit. Si c’était à refaire, je travaillerais plus dans l’histoire de l’Art, et je ne me lancerais pas dans les mêmes métiers, car certains ne sont plus d'actualité.

 

Ma devise, "aimer ce que l'on fait et pas vouloir faire ce que l'on aime". Il me reste quelques années avant la retraite et j'ai encore plein d'envies, y compris retourner en classe. Je sauterai peut-être un jour prochain sur une proposition plus attirante qu'une autre.

 


Si tu aspires à un tel parcours où naissent les opportunités les unes après les autres, les options IDEES ou DET y correspondent.


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