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Elisabeth, des Arts Plastiques à la location saisonnière


Après prof : Elisabeth, des Arts Plastiques à la location saisonnière.

 

Elisabeth a travaillé 23 ans comme professeur d'Arts Plastiques tout en assumant beaucoup d'autres missions.La lassitude venant, elle a décidé de se consacrer un autre projet, mûri de longue date avec son compagnon : rénover des maisons pour en faire des locations de vacances. Elle nous fait part de sa reconversion professionnelle !

 

Quel a été votre parcours professionnel de la fin de vos études jusqu’à votre reconversion actuelle ?

 

J’ai échoué une première fois au CAPES en 1999 puis l’ai passé à nouveau et obtenu l’année suivante. J’ai passé et obtenu l’agrégation interne en 2010.

 

J’ai toujours enseigné en collège, puis, en parallèle, selon les années, j’ai enseigné en lycée expérimental, en lycée traditionnel, j’ai formé des collègues à l’agrégation, j’ai été formatrice sur divers sujets, j’ai été PFA, j’ai écrit des cours pour le CNED, j’ai été en charge de diverses missions, dont l’accompagnement des collègues contractuels et des missions d’inspection.

 

En parallèle, j’ai commencé à rénover des maisons (patrimoine familial). C’est mon compagnon et moi qui avons fait la plupart des travaux, plus précisément, tous les travaux qui ne relèvent pas du gros oeuvre. Ces travaux m’ont permise de mettre en oeuvre concrètement mon goût pour l’architecture contemporaine. Ils m’ancraient dans le réel, dans la matérialité.

 

En 2011, j’ai commencé à louer une de ces maisons en tant que location de vacances, puis une deuxième en 2017. Je suis en train de finaliser la troisième (commercialisation prévue pour 2026). Je m’occupe des contrats, de la communication, du ménage, des rénovations, de l’accueil… C’est désormais mon seul revenu.

 

Quels projets pédagogiques avez-vous pu mener dont vous êtes la plus fière ?

 

J’ai tenu pendant près de 15 ans deux sites internet où j’exposais les travaux des élèves (collège et lycée). C’était beau, plein de sens, à la fois pour eux et pour moi. C’était une galerie ouverte sur le monde qui permettait à la fois de montrer la qualité de leurs productions et qui me rendait vraiment fière de mon travail. Je n’ai pas encore résilié le contrat avec l’hébergeur même si les sites sont devenus obsolètes. Je n’arrive pas à m’y contraindre. Cela marquerait définitivement la fin de cette partie de ma vie. Cela paraîtra très peu modeste mais je sais que j’ai été une bonne prof et je veux garder ce lien, encore un peu.

 

Ce que j’ai eu énormément de difficultés à abandonner aussi, ce sont les missions d’accompagnement des contractuels, des stagiaires, des tuteurs et de mes collègues en général. J’ai adoré les aider dans leur découverte du métier, les épauler face à certaines situations, les accueillir dans le métier. J’ai adoré former des gens à l’agrégation. Ces moments avaient beaucoup de sens pour moi, et je l’espère, pour les collègues concernés. Je pense sincèrement que j’avais un rôle à jouer ici. Je me sentais utile. Les visites d’accompagnement de contractuels sont certainement mes expériences professionnelles et humaines les plus fortes au sein de l’Education Nationale.

 

Quelles compétences avez-vous développées durant tout votre parcours de carrière ? Lesquelles vous ont accompagnées dans votre reconversion de professeur ?

 

Je pense que j’ai su développer une capacité de travail énorme.

Par ailleurs, je sais écrire rapidement des quantités de textes, construits, logiques, argumentés. Cela m’a servi pour l’écriture d’un livre publié l’année dernière.

 

Aviez-vous songé à devenir chef d’établissement ou inspecteur ? 

 

Chef d’établissement, jamais. Inspectrice m’aurait tenté s’il n’avait pas fallu jouer le jeu des flagorneries. Ça aurait été l’évolution naturelle des différentes missions que j’assurais. Avec le recul, il me paraît évident que je n’avais pas les épaules et qu’il m’aurait été très difficile de travailler avec certaines personnes.

 

Avez-vous eu peur de vieillir dans ce métier ?

 

Je ne pouvais plus envisager continuer. Vieillir dans ce métier n’était donc pas une option…

 

Quelles raisons vous ont conduite à quitter l'enseignement ?

 

Ma mère a toujours eu des problèmes psychiatriques qui ont pris des proportions ingérables il y a 5 ans. Étant fille unique, j’ai dû faire face à de nombreuses situations qui nécessitaient mon implication entière. En parallèle, je sentais que je n’avais plus foi en mon métier. J’étais lassée, usée. J’avais l’impression de donner beaucoup pour n’avoir aucune reconnaissance ou presque.

 

Peu à peu je me suis rendue compte que je n’aimais plus vraiment être en classe, que je partais travailler trop souvent sans envie. Et j’avais construit un projet de reconversion qui était désormais financé et qui portait ses fruits. Je n’avais plus de crédits à payer, mon compagnon gagnait correctement sa vie. Je pouvais partir, financièrement parlant, si, en parallèle, je faisais des coupes franches dans mes dépenses.

 

Avoir été enseignant a-t-il été un atout ou un handicap dans votre projet de reconversion ?

 

Je ne sais pas si ça a été un atout ou un handicap. Ça a été une étape nécessaire en tout cas. Je n’aurais pas eu le courage ni l’idée de faire ce que je fais aujourd’hui si je n’étais pas passée par cette étape. Par ailleurs, travailler 23 ans dans l’Education Nationale m’a permis de financer doucement le projet professionnel dont je vis aujourd’hui.

 

Qu’avez-vous pensé de l’accompagnement de l’association AIDE AUX PROFS pour vous aider à quitter l’Education nationale ? Est-que votre académie vous a laissée facilement repartir ?

 

L’accompagnement de l’Association AIDE AUX PROFS a été à la fois efficace et rapide, ancrée dans le terrain. J’avais besoin de me sentir épaulée, de partir en faisant les choses correctement. L’association me permettait de construire mon dossier en bonne et due forme.

 

J’ai d’abord demandé une disponibilité pour création d’entreprise, tout en soulignant ma situation familiale. J’ai désormais une dispo pour aide à un parent malade. Je n’arrive pas à démissionner encore, même si je sais que je ne travaillerai plus dans l’Education Nationale.

 

Que conseilleriez-vous aujourd’hui à une personne qui souhaiterait devenir professeur ?

 

Tester, être d’abord contractuel avant de passer les concours. C’est un métier magnifique, la relation avec les élèves est très riche mais il ne faut pas arriver là par hasard. Il faut y croire, être prêt à énormément travailler au quotidien, arriver à trouver du sens à ce que l’on fait. Et surtout savoir gérer les relations humaines. C’est un métier de représentation, de lien. Absolument pas adapté aux ours…

 

Que conseilleriez-vous à quelqu'un qui souhaiterait quitter l'enseignement ?

 

Tout d’abord préparer son départ, être sûr de pouvoir tenir financièrement. Préparer une reconversion ne s’improvise pas. Il faut être très pragmatique, analyser toutes les données, savoir évaluer ou faire évaluer par un tiers la faisabilité et la pérennité de son projet. De mon côté, j’ai pu tester mon projet sur des années, afin de voir si j’arriverais à tenir financièrement.

 

Ensuite oser.

 

Nous avons été construits comme de bons petits soldats. La plupart des profs ont été de bons élèves, soumis à leur famille, à l’ordre, à l’institution. Il n’est pas toujours facile d’oser sortir de ce cadre. Pourtant, on n’a qu’une vie et je ne peux que vous assurer que je ne regrette pas une seconde mon choix. Il me semble qu’on arrive à oser quand on est prêt, quand partir devient une évidence.

 

Interview réalisée par Emilie WOLF, Rédactrice Web SEO 


Fonctionnariat et immobilier : ce qu'il faut connaître.

 

Vous êtes professeur et vous voudriez vous lancer dans l'immobilier comme Elisabeth ? Attention car le statut de fonctionnaire vous impose un cadre précis à ne pas dépasser !

 

Voici l'essentiel à connaître pour cumuler les deux activités sans prendre de risques si vous ne voulez pas démissionner de L'Education Nationale.

 

 

I/ Ce que disent les textes.

 

« La gestion du patrimoine personnel et familial » fait partie des activités qui peuvent être exercées par un agent de L'Education Nationale sans autorisation.

 

Vous avez donc tout à fait le droit de louer des biens immobiliers acquis par achat ou par héritage sans avoir à faire de demande d'autorisation de cumul d'activité.

 

Il ne faut toutefois pas franchir la limite de ce qui pourrait être une activité d'agent immobilier. La vente régulière de biens immobiliers est interdite par le statut de fonctionnaire. Si vous voulez vous reconvertir dans ce domaine, vous devrez vous mettre en disponibilité. Si elle vous est accordée, vous pourrez exercer pendant trois ans maximum avant de devoir choisir entre démissionner de l'Education Nationale ou abandonner votre seconde activité.

 

II/ Les règles à suivre pour faire de la location saisonnière.

 

Cette activité correspond au statut de LMNP (Loueur en Meublé non Professionnel.) En tant que fonctionnaire, vous pouvez exercer cette activité librement à condition que les revenus de vos locations ne dépassent pas 23 000 euros bruts/an.

 

Si ce seuil est dépassé, il doit toutefois rester inférieur aux autres revenus générés par l'ensemble du foyer fiscal. Si ce n'est pas le cas, vous serez considéré comme un loueur professionnel ce qui n'est pas compatible avec le statut de fonctionnaire.

 

Voici des sites utiles à consulter pour tout savoir sur la location saisonnière quand on est professeur :


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